Jean-Louis Van Durme

Biographie

Jean-Louis Van Durme

Né à Braine L’Alleud le 13 septembre 1967

Rue Marché au Charbon, 41

B-1000 Bruxelles

GSM : 0497/55/53/70

Courriel : vandurmejeanlouis@yahoo.fr

Après des études de graphisme à l’institut St Luc de Bruxelles, il part voyager à travers le monde
et s’installe à l’âge de vingt quatre ans dans les Cyclades. La peinture, la photographie et l’écriture sont le miel de son existence. Il vit à présent à Bruxelles.

Publications de l’auteur :

Là où quelque chose rayonne en silence 2018
Rapatrie la lumière et c’est tout l’univers qui s’inverse 2019
Chacun ramasse ses rêves en bordure de l’effort 2019
Si frais le souffle de la haine 2020
On ne dérange pas les mots inachevés 2020
Illisible distance, confinée dans le doute 2020
Mon dieu, comme j’aurais aimé s’il est un paradis
que tu en sois la voile 2020
Et danse avec moi la pensée 2020
Un jour nous parcourrons la terre sur des routes infinies 2020
Entre deux hommes il y a toujours un poète 2020
Rien n’est plus beau qu’une heure qui s’évade du temps 2020
Le noyau de l’exil 2020
Parfois nous remplaçons l’infini par l’impossible
et parfois nous courons 2020
Les astres dans leur ensemble se moquent
quand on les prend pour des danseuses étoiles. 2020

Membre de L’Aeb
Membre de l’Areaw
Membre du Grenier Jane Tony
Recensions par Martine Rouhart (L’Areaw) (Grenier Jane Tony) et Philippe Leukx (Nos Lettres).
Mention spéciale du Jury Prix Simone de Carfort. Paris. ( Poésie )

Poésies

On aurait dit qu’il fait semblant de dormir.
De perdre le contrôle.
*
Froissant ses draps
sans le moindre alibi.
Dérobé aux sentiments
montant lentement de son intimité
*
Et délibérément refermé sur l’énigme de sa vie.
*
Forçant la faible résistance
éconduite de souffrance.
Souriante de revanche.
*
Aux mains resserrant
toujours plus fort l’instant de la rencontre.
*
Le moindre mouvement
le condamnant à la faiblesse.
La folle envie de sexe.
*
Interdite d’amour
et à deux doigts de séparer son corps.
*
On aurait dit
qu’il suppliait que rien ne l’empêche d’exister.
*
Un livre entre les cuisses.
Et sauf erreur,
englouti dans l’attente.
*
Les doigts au bord de l’imprudence
et désignant d’obscures échanges infranchissables.
*
L’imprévoyance du mieux.
*
Ses paupières
maintenant sans bouger
le désir menaçant d’un désir indomptable.
*
S’évanouissant dans un lieu
qu’aucun de nous ne pourra habiter.
Et qu’une forêt d’angoisses observe avec avidité.
*
L’impossible transparence
de son visage brisée par le besoin.
Au seuil de l’affrontement.
*
L’espèce tant convoitée de l’amant.

Extrait de Du feu sous les cendres

Quand tu partiras,
je ne sais si je pourrai soutenir l’écart.
 
Entre l’oiseau qui sortira du ciel
et les mots qui te supplieront de rester.
 
Comme ces vagues
débordant la rivière et que démembre une berge.
 
Et pour avoir tant essayé.
*
Finalement, lequel l’emportera ?
 
Des deux,
lequel arrêtera les souffrances de l’autre ?
 
La vérité
qui tombe de la vie
et fait semblant de se relever ?
 
Ou ces fleurs
trahissant les reproches tellement de fois osés ?
*
Toi qui ranges mes arbres
et ne sais où aller.
 
Bivouaque d’été en été
et fait trembler les pierres.
 
Que ma curiosité réveille
et que j’empêche de se retourner.
 
Le corps incurable
et à l’assaut des orages.
*
Toi qui ranges mes arbres
et détiens l’imprévisible vérité.
 
Trébuche d’arbre en arbre
et scellé à ses rêves.
 
Une nuit de grands vents.
 
Et suivi du vacarme
d’un enfant par trois fois centenaire.
*
Tragiques souvenirs !
 
Avant d’être trop vieux,
délivrez mes départs et rendez-moi l’amour.

Alors, passant de langues en langues.
 
Toi aussi,
tu viendras voler mon présent.
 
Et vivre l’ouverture soudaine.
*
De chaque mot prononcé.
 
Qui affirme que tu es un cercle
dont le centre est partout.
*
À la tragédie vive,
force de l’ivresse.
 
Et absout du désir
récurrent de la passion.
*
Toi aussi,
tu viendras craindre
les mots par lesquels j’ai échoué.
 
Et chercher leur passé.
*
Le présent est ingénieux
et fait vieillir.
 
Sexe rompu,
la moitié du corps.
*
Prédispose le passé
au souvenir du désir.
 
Et referme la tombe.

Extrait de « Petite métaphysique du désir »

Connais-tu l’adresse du temps ?
 
Pour toi qui dissimule tes peurs
sous une avalanche de mots.
 
Et multiplie ton existence
en entassant des livres
dans la demeure de l’ombre.
 
Et sur trois mètres de haut.
 
Pour celui que rien ne sépare
et se répète sans fin.
 
Dans la course folle des âges
et exempt de tout testament.
 
Et pour avoir frôlé l’incertitude d’un départ
et osé recommencer la rencontre.
 
Quand hors durée,
sur les traces d’un parfum d’antan.
 
Tu m’avais laissé ces mots intenables
et mille fois pardonnés.
 
Ces mots qui avaient tout tué,
de la lumière à l’espace en passant par ton nom.
 
Et que j’écoutais sans les voir
et sans cesser de marcher.
 
Depuis ces longues branches
que dessine la distance.
 
Et forcent les murs de ma chambre
à se prendre pour des forêts boréales.
 
Et surtout
parce que rien n’a pu les arrêter.
 
Pas même l’ombre d’un chêne.

Extrait de « Après la pluie »

Pour ce corps valeureux
tombé au champ d’honneur.
 
Ce corps qui ne dit plus rien à personne
et qu’un père a connu.
 
Et pour ce souvenir qui persiste
et qu’une tombe rappelle.
 
Et incorporer le corps
d’un regret ou d’une défaite.
 
 
Pour ce corps en terre cuite
et ses yeux marrons.
 
Ce corps abîmé
que j’aurais dû entretenir avec plus de soin.
 
Ce corps souverain,
comme il l’a toujours été.

Extraits de « Le corps italique »

Et tenter une incursion dans le réel et réorganiser les formes du lieu. Et peser la lumière de chaque objet jusqu’à retrouver l’équilibre. Et se sauver de l’abandon. Masquer l’anxiété d’un coup de dés et relier toute chose au parfum rassurant d’une phrase. Et cette fois sans tomber. Depuis les rives épuisées du consentement, au seuil du corps et sans avoir à le toucher. Et rejoindre l’espace et lui ouvrir un passage. Tu ne pourras pas te quitter, jamais tu ne pourras céder au chaos. Tu construis un monde déficient qui piétine dans la précarité et se rassure dans l’illusion d’une constance.
*
Chaque matin au réveil je me réjouis du temps qu’il fait. Quand ce n’est pas encore le jour et que la nuit fini. Quand irréelle la conscience croit en sa propre fin. Ne se souviens de rien. Et s’invente une autre dignité. Chaque matin je demande mon chemin au temps. D’une voix silencieuse et qui tarde à venir. Depuis la fenêtre qu’appareille le vide. Depuis la fenêtre du ciel et les nuages broyés. Chaque matin, je m’étonne d’être toujours en vie, à contempler le voyage et déserter l’évidence. Pour que chaque matin je parvienne à me lever.
*
On m’avait pourtant appris à vivre et à dresser la table et demander pardon. On m’avait ordonné de me taire et d’attendre patiemment. On m’avait offert l’inaccessible et forcer ses regrets. On m’avait demandé de comprendre ce que je ne comprends pas. Et on a ri tous ensemble quand j’ai levé les bras. D’une odeur absente de poussière, on m’a félicité. Puis on m’a laissé là, patiemment et tondre le temps sans plus me parler. Alors, épuisant mon oreiller de mille danses de tête et n’en pouvant plus de m’étouffer, je leur ai montré qu’à force de plaire, la moindre des choses, vraiment la moindre des choses eut été de m’oublier.
*
J’arrive au bout du temps et de ses habitudes. Et rassembler d’avantage de livres et encore plus de silences. Et ne plus croire en rien de peur d’effrayer l’univers. Et laisser l’ignorant accomplir des merveilles. Pour sans attendre glisser dans l’éloignement. Et pour s’étendre sans fin dans le rien et ne laisser de traces que les mots. Où serais-je si je n’avais pas cette absence ? Où seraient passés mes rêves si tu n’avais pas existé ? Et trouver des mots au milieu des mots, comme ça et sans savoir pourquoi. Et affronter les monologues. Pour moins d’obscurité et par nécessité de soudoyer l’intolérable. J’arrive au bout du temps et de la tranquillité, là où je ne suis encore jamais allé.
*
J’écarte toutes les possibilités. L’être est à l’absolu ce que le temps est à la gravité. Jusqu’à la commissure d’une ombre et
retenu dans l’espace. Deux faisceaux de lumière se croisent et réfléchissent leur destin. Comme à une possibilité de revenir aux origines. Dans une fraction inattendue du réel. Et à la limite de l’obscurité. L’hiver est insalubre et s’ancre au plus profond de la nuit. Peut-être un jour me faudra-t-il le rejoindre. Peut-être un jour et peut-être sans peine. Et souriant encore d’un air confus. Et brillant encore d’un éclat plus vif. Depuis le tout premier instant et pour tous ceux à venir. D’un royaume inachevé et perdu sur une île. Sur ces rochers fracassés par les vents et que comble l’inconnu.
*
Aujourd’hui, j’ai peur, j’ai perdu l’harmonie. L’incommensurable m’intercepte à la gorge. Le temps resserre mes poings et m’écarte du vivant. Je convulse entre un état de stabilité éphémère et celui d’une anxiété transitoire. Entre l’incertitude du devenir et le confinement des mots qui n’en finit pas. Ma seule ivresse est mon clavier et sa dépendance en recouvre toute ma vue. Je loue les mots à la sourde rumeur de mes ancêtres et leur dois désormais toute ma vie. Comment peut-on aimer la neige et avoir si peur de son implacable hostilité ? Le haut du ciel court dans ma tête et celui d’en bas tremble de froid. Un nid vient de frapper la branche d’un arbre, je l’entends voler en éclats.
*
Le vide plane autour de mon cœur et tel un ennemi me coupe le chemin. Mais l’ennemi a la peau dure et chante ses mensonges aux refrains du poète. J’ai perdu l’amitié des
hommes et perdu leur cruauté. D’un ennemi de chair, j’ai choisi le divin. Le plus dur à circonscrire et le plus réel. Le vide plane sur mon cœur et tel un ennemi passe son chemin. Sans un mot de réconfort et vide le chemin. Pour ce cœur immobile consolé des montagnes et qui tranche la gorge aux ténèbres tranquilles. Comme un mauvais temps qui cingle entre les lignes et assombrit la lune d’un mirage écarlate.

Extraits de «Vivre ». ( 7 Paragraphes )

Alors, qui peut se tenir au-delà de ses mots ? Qui peut se
soustraire de la matière de ses propres origines et réécrire sa
part de solide à l’univers ? S’il y a bien une chose de la vie sur
laquelle je voudrais m’étendre, ce serait un regard posé sur
l’océan. Pas juste un regard compatissant qui accepterait la
distance, mais un regard qui viendrait avec le vent et qui
engloberait le corps de la tête aux pieds et rendrait ma liberté.
Un regard qui ne ferait pas de moi quelqu’un de réel, mais qui
partagerait son innocence en toute tranquillité avec les éléments
fondateurs de la vie. Comme une entité qui se poserait
naturellement sur les choses et qui n’aurait pas à se sauver
d’elle-même.

( Extrait de « Vivre » )

Alors aide-moi à arrêter le temps,
lorsque tard je veille sur la nuit
et que rampe sous mes pieds l’insolence des plus forts.
 
Ici la fin, l’arrêt, l’interdiction,
chaque part de conscience se mangera désormais seul.
 
Les mots sont à l’arrêt,
l’orthographe peine à survivre.
 
L’audace plonge dans l’abîme et trace dans son sillage
les quelques vers d’une dernière volonté.
 
Pour tout cet air qui ne sert plus à personne
et que ravalent des lèvres inversées.
 
Ce matin mon coeur s’est noyé dans l’eau froide
et n’a pas tenu à réapparaître.
 
Comme ce grain de beauté dans le haut de ton front
qui lui aussi a rejoint les étoiles.
 
Alors aide-moi à rattraper le temps
lorsque tard je veille sur la nuit
et que rampe sous mes pieds l’insolence des plus forts.

Extrait de « l’immensité du mieux »

C’était donc cela !
 
J’écris pour rester parmi toi et faire tomber les mots aux pieds
de l’apaisement.
 
Comme pour tranquilliser le manque et délivrer le ciel de ce temps orageux.
 
C’est donc cela qui arrive après le manque !
 
Une douce atmosphère de déjà vu
n’a pas pris le temps de se renouveler.
 
Il me faudra des étoiles pour t’oublier.
 
Un poème qui n’a pas encore été inventé
s’essuie chaque matin sur un sentiment clair.
 
Tu veux devenir poète dis-tu ?
 

Alors habitue-toi à la douce folie,
aux regards de traverse,
aux silences prolongés,
et garde un ami ou deux de confiance
pour compter parmi les hommes. 
Pour toi qui t’agenouilles devant les airs envoûtant
que conditionnent les mots d’un intarissable désir

 
et qui dans un semblant d’infinité t’accroches
aux vallées généreuses de la liberté.
 

J’emprunte une lumière que le temps ignore. 

 
Une situation pour acquise
se charge de démentir le corps d’une blessure.
 
Si je n’avais l’exil il ne me resterait que la folie.
 
L’effort ne garantit rien au voyageur solitaire.
 
Une vague sentinelle me le rappelle fermement.
 
Ce matin les mots s’élancent depuis l’autre versant de mon inquiétude et se remettent à danser.
 
Ainsi je me souviendrai de celui tant espéré qui ne revint
que dans les rêves.
 
Les possibilités du temps sont immenses.
 
L’hiver n’est plus très loin.

Qu’ai-je fait pour que le temps
m’exile à ce point de moi-même ?
 
Ce soir les mots s’effondrent dans mon coeur
et versent dans le spectre du silence.
 
Dis-moi, pourquoi ai-je oublié de parler ?
 
Pourquoi les mots m’ont quitté et se sont empressés
de désigner le rien.
 
Que redoute leur temporalité et sur quoi s’exercent-ils ?
 
Chacun part emportant comme il peut
les débris de mots étoilés.
 
Nous ne sommes que de passage dis-tu !
Et comme tu as raison, et comme j’ai eu tort de croire en l’infini. 
 
Le destin des mots est incertain dis-tu !
 
Il paraît même que certains ont le pouvoir de l’oubli.
 
Comme celui qu’emprunte l’indifférence
et défait quelque chose de moi.
 
Quand un mot choisi de s’isoler et ignore sa solitude.
 
Ha comme j’aimerais qu’ils se serrent encore contre moi
et dessinent mes peurs !
 
Tu sais, quand je remplissais une page sans me soucier du temps que prenaient les verbes. Ou quand encore dans le pli d’une phrase je glissais des mots tremblant d’affection.
 
Pour tous ces mots qui dansaient en bordure des grands lacs.
 
Quand dans un éclat de rire
nous retenions l’herbe d’une main
et croisions le regard complice de la lune.

C’était au mois de septembre,
J’entendais des voix se parler au-dessus de la rivière.
 
Des voix chuchotant dans le vent.
 
Des voix verticales et interminables,
amusées même
et dont je sentais la douceur effleurer mon visage.
 
Des voix de la tête aux pieds
qui se racontaient des histoires d’enfants d’hommes
qu’il ne fallait sous aucun prétexte révéler.

La forêt est le résultat d’un combat sur sa propre forme
et ne sort de son espace que pour se border d’oiseaux libres.
 
Son visage se répand sur le dos de la lumière
et s’abrite dans le corps d’une ébauche.
 
       Ce qui manque c’est l’exact écart entre ta voix et l’instant.
 
J’ai vu des forêts fabriquer des ciels immenses
afin de s’échapper.
 
Et engloutir des nuages entiers afin de se cacher.
 
   Jusqu’à imiter cette feuille légère qui cherche encore à te sauver.
 
Comme il fait bon sous un arbre quand il neige, quand les mots se réchauffent et rappellent au poète que tout ce qui est loin s’apaise en un poème.


Á chacun son enveloppe et à chacun ses mots,
du moment que nos secrets se lisent à l’abri du vent.  

La plupart du temps les forêts se cachent,
elles sont ainsi faites.
 
Parfois au détour d’un arbre il me prend l’envie de courir
et me jeter dans tes bras.


Parfois nous remplaçons l’infini par l’impossible,
et parfois nous courons