Renée Wohlmuth

Biographie

Poésies

Tu as toujours été la femme de l’ombre
Celle qui patientait
Celle qui l’attendait
Celle qui n’existait que pour lui.
 
Tu as toujours été sa dame de cœur
Celle d’une visite
D’un baiser
D’un je t’aime.
 
Tu as toujours été la dame de ses pensées
Guide et muse à la fois
Toujours effacée
Pour qu’il puisse briller.

Septembre 2022

Je dois apprendre à vivre sans toi
Je dois apprendre la solitude
Je dois apprendre à être moi
 
J’existais dans tes yeux
J’existais sur tes lèvres
J’existais dans tes bras
 
Sans toi
Je ne suis plus qu’une image
Je ne suis plus qu’une ombre
Je ne suis plus qu’un reflet.

Septembre 2022

Le silence à deux
C’est une plage au soleil
Un ciel sans orage
Un pré sans renoncules
 
C’est le battement de ton cœur
Le rythme de ton souffle
Le parfum de ta peau
 
C’est la saveur d’un baiser
La douceur d’une caresse
La promesse d’une nuit
À deux

Août 2022

Il est un lieu qui hante mon souvenir
Une forteresse à l’orée du désert
Un bouquet de buissons argentés
Une source qui chante puis disparaît
Et le sable blond à perte d’horizon
Refuge silencieux et calme
Pour une solitude à deux
 
Je voudrais y vivre ma dernière nuit
Et rêver que tu m’aimes encore

Toi ma sœur Afghane
Aux yeux cachés
Sous un grillage tissé
Je pense à toi
 
Privée de lecture
Privée de musique
Privée de savoir
Ton frère qui te bâillonne
Qui t’emprisonne dans le silence
Au nom de quel Dieu
Va-t-il te priver de penser
Va-t-il te priver de vivre
 
Toi ma sœur Afghane
Aux yeux cachés
Sous un grillage tissé
Je pense à toi

mars 2022

Où donc êtes-vous Ami ?
La mésange familière a déjà construit son nid
La jonquille altière a déjà perdu sa corolle
Et le noisetier qui reverdit
Disperse déjà ses chatons
Je me languis de vous
Un bref message
Un mot de vous
Et je saurai que vous pensez à moi.

mars 2022

J’ai murmuré aujourd’hui
Tu as pensé demain
Je t’ai dit maintenant
Tu as répondu attends
Je jouis du présent
Et tu crains le futur
Je te parle d’avenir
Tu revis le passé
Alors
Alors
Tu es parti sans un mot
Sans voir que je pleurais

Comment pourrais-je rire quand tu as du chagrin
Tu étais ma joie et mon soleil
Mais voilà que tu chavires sous de gros nuages noirs
Ta tristesse devient mienne
Allons-nous donc sombrer
 
Il faut que je me reprenne
Je dessine un sourire sur mes lèvres
Un arc-en-ciel dans mes yeux
Pour que ma joie devienne tienne
Et que tu sois encore heureux

Février 2022

Te voilà enfin revenu
Toi mon ami fidèle
Et déjà je n’ai d’yeux que pour toi
Le temps semble t’épargner
Un an c’est long si on parle d’absence
Un an c’est court car hier amène très vite demain
Tu apportes toujours avec toi
La magie des jours d’hiver
Les rires sonores des enfants
Les souvenirs des jours heureux
Te voilà enfin revenu
Toi mon sapin de tous les Noëls
Et déjà je n’ai d’yeux que pour toi.

Minuit vient de sonner au carillon du salon
Un baiser sous le gui mon invité s’en est allé
Dans la poussière de neige collée sur la fenêtre
Dans le feu ardent qui brûle dans la cheminée
Dans la lueur faible et tremblante des bougies
Je devine tes tendres pensées
Désormais les mots sont inutiles
Puisque ton cœur parle à mon cœur
 
Minuit vient de sonner au carillon du salon
Peu m’importe demain et l’année qui vient
Désormais je ne souhaite plus rien
Puisque mon cœur répond à ton cœur

Le feu dans l’âtre
Doucement s’est éteint
Il était né d’un rien
D’une brindille
Mais il avait réchauffé
Et mon cœur et mon âme
 
Comme la fleur s’épanouit au soleil
Mon être tout entier renaissait
À sa vivante flamme
Douce flambée brasier ardent
Dont il ne reste que les cendres
Car le feu dans l’âtre
Doucement s’est éteint

Novembre 2021

Voilà
Le spectacle est terminé
Les feux de la rampe sont éteints
Les applaudissements se sont tus
Le décor a disparu dans la pénombre
Maintenant
Le comédien est seul
La tête encore pleine de mots empruntés
Son costume fripé gît sur une chaise
Et son personnage doucement l’abandonne
Demain
Dans son costume de ville
Le comédien ne sera plus qu’un homme
Car tout n’était qu’illusion

Octobre 2021

J’attendais un sourire
Un sourire sous un ciel gris
C’est un peu de soleil
J’attendais un mot
Un mot pour une âme perdue
C’est un peu de miel
J’attendais un geste
Un geste pour un être seul
C’est un petit lien
Mais ni sourire ni mot ni geste
Rien que la noirceur profonde du fleuve

Vous m’avez offert une fleur
Hommage à mon grand âge sans doute
Autrefois je recevais des roses
Celles qu’on offre avec des serments
Ces mots que dans l’intimité
Je voudrais encore entendre
On me les sert parfois
Sous les feux des projecteurs
Et l’œil froid de la caméra
Merci pour votre geste
C’est un peu de votre jeunesse
Que j’ai reçu avec cette fleur

Septembre 2021

Profite as-tu murmuré
Dans nos verres le Champagne pétillait
La lune en apostrophe éclairait le jardin
Les étoiles au ciel lentement s’allumaient
Le chèvrefeuille exhalait une senteur sucrée
Les rainettes en trilles aiguës se répondaient
Et le rossignol égrenait ses notes flutées
Profite as-tu murmuré
Et sans un mot
Au tire-lire de l’alouette
Tu as quitté mon nid

Septembre 2021

« Artisan de l’éphémère »
Je provoque le rire
Je fais couler les larmes
Mon domaine est en carton
Ma personne un faux-semblant
 
Je traverse les siècles
Chœur antique en matinée
Juliette ou Suzon le soir
Je ne suis qu’une illusion
 
Parfois au détour d’un mot
Je vous livre mon âme
Je le fais sans le vouloir
C’est alors que vous dites
Quand le rideau est tombé
Bravo elle a bien joué

Août 2021

Le temps je ne l’ai plus
Comme dans un sablier
Entre mes doigts il a coulé
Et je ne l’ai pas retenu
 
J’ai cru avoir tout le temps
D’aimer de rire de vivre
Alors pour mon dernier printemps
Je voudrais encore aimer et rire

Août 2021

Je m’amuse
Ta muse à toi m’use
 
Je muse dans le bois
Pour rencontrer ma muse
Mais je m’use les sabots
Et ne m’amuse pas
 
Pour renconter ma muse
Je muse dans le pré
Mais je m’use les souliers
Et ne m’amuse pas
 
Ta muse à toi m’use
Et je ne m’amuse pas
Quand rencontrer ma muse à moi
Pour qu’enfin je m’amuse

Juillet 2021

Un, deux, trois. Un, deux, trois.
Je voudrais
J’aimerais
Je le veux.
Un, deux, trois. Un deux, trois.
Tu voudrais
T’aimerais
Tu le veux
Un, deux, trois. Un, deux, trois.
Combien de temps déjà
Que je n’ai pas valsé
Que je n’ai pas aimé ?
Un, deux, trois. Un, deux, trois.
Combien de temps déjà
Que tu n’as pas valsé
Que tu n’as pas aimé ?
Un, deux, trois. Un, deux, trois.
Mon cœur bat
Ton cœur bat
Me voici dans tes bras.

Juillet 2021

Le printemps doucement dans la chambre est entré
Parfums de muguet et de menthe poivrée
Sous tes paupières mi-closes
J’ai vu tes yeux briller
Prélude mutin qui m’a fait chavirer
 
L’été s’est répandu sur le sable mouillé
Senteurs d’algues et de ressacs salés
Sous tes paupières mi-closes
J’ai vu tes yeux briller
Vibrante invitation aussitôt acceptée
 
L’automne s’est glissé à travers les volets
Langueur de fleurs épanouies et moiteur de fruits mûrs
Sous tes paupières mi-closes
J’ai vu tes yeux briller
Timide tendresse à deux partagée
 
L’hiver a posé sa blancheur sur ton oreiller
Fraîcheur des premiers frimas et glacis des jours passés
Sous tes paupières mi-closes
J’ai vu tes yeux briller
Supplique muette que j’ai cruellement ignorée

Juin 2021

Le café Maxim aujourd’hui a ouvert ses volets
Tables et chaises ont retrouvé leur place
Jeannette en cotillon léger a fleuri la terrasse
Bouquet de pervenches et brins de muguet
 
Le musicien des rues est aussi de retour
Et son orgue de Barbarie toujours gémissant
Égrène vieux accords ritournelles de toujours
Pour quelques petites pièces jetées par un passant
 
Le champagne dans ma flûte reflète le soleil
À mes côtés une chaise inoccupée
Aujourd’hui comme hier rien n’est plus pareil
Puisque depuis longtemps tu m’as oubliée

Mai 2021

Le soleil, le sable, la mer
Et l’empreinte de tes pas.
 
Mes pas dans les tiens
Mes pas à côté des tiens
Valse légère aussitôt par la mer effacée.
 
Le soleil, le sable, la mer
Et l’empreinte de tes pas
 
Tes pas loin des miens
Mes pas loin des tiens
Ivresse éphémère à jamais effacée.

Mai 2021

Une porte qui s’ouvre
Des pas sur le palier
Tu es là les mains chargées d’offrandes
Parfums des îles lointaines
Saveurs des fruits inconnus
Arc-en-ciel de soie et de satin
Et la douce chanson de tes serments renouvelés
Qu’importe tout cela
Je ne veux que l’étau de tes bras

Mai 2021

Le ciel ce matin
A secoué ses oreillers
Doucement dans le jardin
Le duvet s’est posé
 
Ce jeune avril facétieux
A ranimé quelques tisons
Noël descendu des cieux
A chassé Pâques du balcon
 
Mes primevères sous la neige ont frémi
Les mésanges se sont tues
Bien au chaud dans leur nid
Et j’ai pleuré car tu n’es pas venu

6 avril 21

Le ciel est gris il pleut
Ma mie ne pleure pas
J’ai exaucé ton vœu
Car déjà me voilà
 
Chaque goutte de pluie
Sur la vitre posée
Est un baiser donné
Pour chasser ton ennui
 
Comme le roi des dieux
Sur ta couche en pluie d’or
Je descendrai des cieux
Sitôt que tu t’endors
 
Nos âmes enivrées
Jouiront de la nuit
Tu chériras la pluie
Car je t’aurai aimée

Hier, quand vous êtes arrivé
Ainsi…tout masqué
J’ai cru pendant un instant
Que vous vouliez me braquer.
Dieu merci, ce ne fut qu’un instant
Car je vous ai très vite reconnu.
Combien de temps ne nous sommes point vus ?
Six mois, un an ? Je ne sais plus.
De votre tanière vous avez pu sortir
Et vous revoir m’a fait grand plaisir.

Prenez un toi et un moi pas trop mûrs
Liez-les avec un bouquet de tendresse
Ajoutez une pincée de baisers
Plongez dans un bain de mots doux
Faites mijoter longtemps longtemps longtemps

Déjà le jour naissait au coin de ma fenêtre
Vénus m’est apparue derrière un peuplier
Beau diamant serti dans un écrin bleu nuit
Elle flottait comme un point sur un croissant de lune
Avec elle s’en viennent les premiers frimas
Les voiles de brume les arbres jaunissants
Et les panaches gris autour des cheminées
 
Chaque octobre naissant me ramène Vénus
Étoile du berger ou brillante planète
Qu’importe son nom seul compte son éclat
Avec elle s’en viennent tes premières nouvelles
Tes messages de tendresse tes vaines promesses
Tes éternels mensonges annonçant ton retour.

Je vais vous faire une confidence :
J’ai passé une Saint Valentin intense,
Agréable, délicieuse, inoubliable.
J’étais bien dans ses bras adorables
Il était doux, il était chaud …
Comme toutes les femmes divorcées, délaissées, esseulées,
J’étais si bien dans les bras de mon canapé.

Tu dis aimer mon sourire
Mes yeux qui brillent
Et le galbe de mes jambes
Mais tu ne me dis jamais je t’aime
Tu dis aimer ma douceur
Ma joie de vivre
Et mon enthousiasme
Mais tu ne me dis jamais je t’aime
Pourtant cela fait un tout
Alors assemble ton puzzle
Et dis-moi je t’aime

Tu t’en vas
Et pourtant tu emportes avec toi
Une partie de moi
Mes rires et mes chansons
Mes larmes et mes soupirs
 
Tu t’en vas
Et pourtant une partie de toi
Reste avec moi
Ta tendresse et tes je t’aime
Tes caresses et tes colères
 
Tu t’en vas et pourtant….

Depuis que tu es parti
J’ai soif de baisers
J’ai faim de tendresse
La source la plus fraîche
N’étanchera pas ma soif
La friandise la plus douce
N’assouvira pas ma faim
J’ai soif de baisers
J’ai faim de tendresse
Alors j’attends ardemment ton retour.

Je suis comme le tournesol
Chaque matin j’attends l’astre du jour

Je meurs de son attente
Je meurs de son absence

Chaque aurore est une tourmente

une espérance

Ses rayons d’or un éblouissement

une séduction

Sa chaleur une caresse une brûlure

une morsure

Son déclin une peine une tristesse

un chagrin

Je suis comme le tournesol
Chaque matin j’attends l’astre du jour

Lorsque je pense à mes amours d’antan, deux verbes s’imposent à moi comme s’impose une ritournelle obsédante. Deux verbes murmurés, chuchotés, susurrés par des bouches qui m’ont aimée, désirée.
Le premier : « bander » avait le mérite d’être direct, brutal, sans équivoque. Peut-être accompagnait-il un air de java ? N’étant ni bégueule, ni anglaise (how shocking ! aurais-je dû ?) mon esprit gaulois ne le trouva pas obscène comme le qualifie mon ami fidèle le Petit Robert.
Le second : « adorer » me plaçait, pensais-je, parmi les déesses qui peuplent l’Olympe, mais l’éclat des yeux de mes soupirants trahissait le désir violent qui bandait tout leur être.
 
Ceci s’adresse aux dames qui, avec mélancolie, se souviennent et soupirent : « Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle… »
Souvenez-vous, Mesdames, de certains mots prononcés par le Roméo que vous veniez de rencontrer :
En vous prenant tendrement la main, il a murmuré : « T’as de beaux yeux, tu sais… ». Puis, sur la piste de danse, dans le creux de votre oreille, il a susurré : « Pour un flirt avec toi, je ferais n’importe quoi… » Plus tard, devenant plus pressant, et vous invitant à admirer ses estampes japonaises, il a osé dire : « Moi, je veux simplement faire l’amour avec toi… ».
Un certain Serge, alors que nous dansions la Javanaise dans une guinguette du bord de Seine à Paris, a osé me dire crument : « Tu me fais bander. » J’en rougis encore…
Bien sûr, il y a eu les : « Je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément » …Les : « Je t’adore ».
 
Toutes ces déclarations sont usées, alors, l’idée coquine de pasticher Edmond Rostand et sa tirade du nez a fait naitre sous ma plume ce que d’autres messieurs auraient pu dire s’ils m’avaient aimée :
 
– le gymnaste : J’ai une envie folle de te sauter.
– le matheux : Ah ! Être deux et ne faire qu’un avec toi.
– le gourmand : Quel délice ce serait de tremper mon doigt dans ton pot de miel.
– le curieux : Puis-je savoir ce qui, dans ton enveloppe, m’attire si fort ?
– le physicien : Pouvoir enfin fusionner et atteindre avec toi l’état subliminal…
– le géographe : Quand pourrai-je à loisir parcourir tes vallées, tes monts et pénétrer dans ta grotte ?
– le gourmet : J’ai faim de toi, je voudrais gouter ta brioche.
– le spéléologue : Quel vertige ce serait d’explorer ta cavité profonde !
– l’artiste peintre : Réussir un chef- d’œuvre en trempant mon pinceau dans le creuset de ton corps !
– le poète : Laisse-moi, oh ! Muse puiser l’inspiration sur ton Mont de Vénus !
– le révolutionnaire : T’assiéger, te renverser et enfin occuper ta citadelle…
– le terroriste : Je veux bouter ma mèche et t’enflammer.
– l’aventurier : Ton corps comme un aimant attire mon corps. Tu me fais perdre le Nord.
– le métallo : Je veux couler mon acier dans ton haut fourneau.
– le catho : Dussè-je aller en enfer, je veux croquer la pomme.
– l’archéologue : Faire ta découverte, et fouiller minutieusement ton site avec ma pioche…
– le jardinier : Il me faut arroser cette fleur qui se meurt.
– le boulanger : Sous mes doigts, je veux pétrir ton corps et y déposer mon levain.
 
Je pourrais, Mesdames, poursuivre avec le marin, le plombier, l’architecte…mais je préfère m’autocensurer, car cela deviendrait peut-être un peu trop grivois et j’en rougirais.
 
Je vous laisse donc rêver à d’autres déclarations.

Un lourd nuage noir assiège mon esprit
Je n’ai plus d’énergie je ne puis le chasser
Il charrie avec lui de sombres souvenirs
Il brouille mes pensées il se noie dans mes yeux
Peut-être que demain le fera disparaître
Et dans mon cœur meurtri le calme renaîtra
 
Comme de noirs corbeaux elles se sont envolées
Ces trop tristes idées qui trahissaient mon rêve
Si ton chemin un soir croise un instant le mien
Je veux vivre demain oublier le passé
Regarder l’avenir même s’il est trop court
Et finir avec toi le reste de mes jours

Tes mots
Plus doux que le velours de tes yeux
Plus sucrés que le miel de tes lèvres
Plus forts que l’étau de tes bras
Vibrent en moi comme le plus ardent
Des : « Je t’aime ».

Viens ma Douce pose ta tête sur mon épaule
Et loin du tumulte de la ville
Goûtons ensemble le silence
Le souffle sourd du vent dans les branches
Le bruissement des feuilles lutinées
La danse rythmée de l’ondée matinale
Et le concert discret des oiseaux égayés
Viens ma Douce pose ta tête sur mon épaule
Et écoute mon cœur qui bat au rythme du tien.

en

Arc-                    – ciel
 
La pluie chante sur ma fenêtre
La pluie danse sur le bitume
Joue contre joue nous écoutons
Cœur à cœur nous savourons
Le silence rythmé de la vive ondée
 
Un baiser sec comme un petit coup de bec
Et te voilà partie sous la pluie
Gracile feu follet orangé
Tu cours sous le ciel gris
Tu chantes dans mon cœur
Tu danses sur ma joue
Et la pluie lentement efface ta couleur.

Je t’aime, tu m’aimes
Nous nous aimons
Et nous nous marions
Je l’aime, tu l’aimes
Nous les aimons
Alors nous divorçons
Et nous nous remarions.

Est-ce de m’avoir trop regardée
Que tu t’es brûlé les yeux
Tes yeux si doux si bleus
Que le désir a souvent fait briller

Que vas-tu imaginer misérable tyran

Mon regard n’est plus tourné vers toi

Je préfère de loin les jolis minois

Qui n’ont pas comme toi quatre fois vingt ans

Crois-tu que c’est l’éclat de tes yeux
Qui attire ces tendres jouvencelles
Leur regard louche vers ton escarcelle
Et peu leur chaut que tu sois vieux

Peu m’importe cela je veux être dupe

Penser que j’ai encore vingt ans

Et que ce sont mes cheveux blancs

Qui attirent ces gentes demoiselles

Je te crée au gré de mes fantasmes
Et je me fonds en toi qui m’enserres dans tes bras.
Bercée par ta voix que je module
Je danse au bord de tes paupières
Et tes cils déposent sur ma joue un long baiser papillon.
Je me noie dans l’eau claire de tes yeux
Qui tisse sur ma peau un soyeux voile de lune.
Je peins sur ta bouche le miel le plus sucré
Qui colore mes lèvres d’un suave parfum de fleurs.
Tu es né de mes fantasmes
Et tu meurs dès que le jour paraît.

Qu’as-tu fait Ariane pour mériter ton sort ?
Séduite par Thésée, insensée tu l’aimas.
Bercée par ses serments, tu lui abandonnas
Ton cœur, ton âme, ta vie, tout cela sans remords.
 
Naïve déesse aux belles tresses d’or
Ton cœur maudit Thésée à qui tu te donnas.
Père, frère, patrie tu lui sacrifias
Pour que du Minotaure il obtienne la mort.
 
Tu as aidé Thésée, ce fourbe, ce menteur.
Grâce à ton stratagème il put sortir vainqueur.
Mais hélas, te voilà délaissée et trahie
 
Sur l’île de Dia tu pleures ton amour
Tu implores les dieux pour qu’ils prennent ta vie
Mais Bacchus te promet de veiller sur tes jours.

Viens ma Douce pose ta tête sur mon épaule
Et loin du tumulte de la ville
Goûtons ensemble le silence
Le souffle sourd du vent dans les branches
Le bruissement des feuilles lutinées
La danse rythmée de l’ondée matinale
Et le concert discret des oiseaux égayés
Viens ma Douce pose ta tête sur mon épaule
Et écoute mon cœur qui bat au rythme du tien

Ton absence épouse l’infini du temps
Piquée sur un ciel de velours
Vénus scintille au coin de ma fenêtre
Clin d’œil d’une amie restée fidèle
La lune s’est perdue dans le ciel sombre
 
Lueur blafarde au milieu des cyprès noirs
Dans le jardin un chat solitaire miaule
Irritante complainte pour le silence brisé
Ma main sous les draps blancs te cherche
Rêve fugace pour un cœur esseulé
 
Demain le soleil paradera dans un ciel neuf
Feu vibrant au sommet des cyprès dorés
Un vol de mésanges s’égaiera dans les buissons
Gazouillis charmants pour un triste réveil
Ma main sur l’oreiller cherchera ton visage
Caresse furtive et vaine destinée à l’absent

Pourquoi viens-tu si tard ? La Parque déjà agite ses ciseaux.
Soleil de mon couchant, tu éclaires ma nuit qui lentement approche.
J’aurais tant voulu encore, avec toi, jouir de mille choses :
Poser ma tête sur ton épaule et, sur le petit pont de bois,
Écouter la chanson claire de l’eau sur les rochers.
Deviner, entre tes bras, la pluie et son murmure de soie froissée.
Au creux de ta main, dans le verger, croquer une pomme à la robe étoilée.
Me blottir contre ton corps devant l’âtre où rougeoie un feu parfumé.
Et deviner encore, au profond de tes yeux, le cri de ton silence forcé.
Pourquoi viens-tu si tard ? La Parque déjà agite ses ciseaux.

Empreintes de pieds nus
Sur le sable doré
Vers l’Océan gris
Où tout s’oublie

 

Griffures de mains d’homme
Sur le corps bronzé
Vers le lieu secret
Où tout vibre et frémit

 

Baisers durs et mordants
Sur les lèvres serrées
Vers le cruel plaisir
Où tout se brise et meurt.

Un train s’arrête
Le quai se vide
La nuit s’enfuit
L’aube fleurit
Je suis seule
 
Un train s’éloigne
Le quai se vide
Le ciel bleuit
Le soleil luit
Je suis seule
 
Demain je reviendrai
Demain je t’attendrai

Je traîne mon ennui
Comme un forçat son boulet
Ma couche froide a gardé
Le creux profond de ton corps
Mes jours sans soleil
Et mes nuits tourmentées
Ravivent le souvenir
Du feu de tes mains
De l’éclat de tes yeux
De nos silences complices
De nos serments chuchotés

J’ai mal à t’attendre

Adieu ou au revoir
Qu’importent les mots
Puisque tu pars
Et que le plus jamais
A chassé le toujours.
Nos rêves, vibrantes lucioles,
Ont brûlé à l’ardeur de nos désirs
Et le passé vorace dévore notre avenir.
Je t’ai offert mon cœur et mon âme
Tu désirais la mer et les étoiles.
Alors va et que l’adieu ne soit qu’un au revoir