– Péhéo – Poésies –
Le masque obscur
Et de ténèbres
S’enivrent
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La Gorgone D’entre deux mondes sans lumière
Une longue errance
Sinon l’absence D’entre l’effroi et le silence
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Dans mes saisons Rien ne frémit Sinon le vent La Fauvette Hier encore je chassais les Heures – d’ici Dans mes saisons À regarder passer la vie Cherchant ce sourire que tu m’avais promis !
Hier encore dans mes moissons – j’épuisais Le monde et les oiseaux À te donner l’envie d’alors Pour ce baiser que je t’avais ravi !
Quand maintenant dans ces buissons Et sans amour rien ne gémit Rien ne frémit Ni de fauvette ni de présence Sinon le vent D’ici déjà à ton absence ! |
Dit des trois morts et des trois vivants
Et d’une corde Sur un violon
Tonne le vide Sonne le vent
D’un long sifflement Frappe le temps
Le luth la flûte Le Tambourin
Défont le monde Et l’évidence
Refont la ronde Sur un violon
Danse le roi Danse l’évêque
Trébuchent les corps Tressaillent les âmes Meurent les gueux Suivent les femmes
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Je suis l’enfer qui ne rit pas ! Partout Rouée de face Comme de miroir Toujours amère D’ici Et de regards Je ne renvoie à moi
Rien aux vivants Rien au présent
Et puis d’effroi
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A mon regard ! Au labyrinthe Tombe la vie Et de mes yeux De tous ces corps Coule la nuit
Toujours de vide En ces enfers Encore Qui ne disent Le jour L’envers
Des beffrois
Ruinés de tout
A mon regard ! |
Je suis le face-à-face Vienne le bruit Vienne le vent Je suis le face-à-face Muet De ce qui attend La peur comme le sourire Posés entre mes dents Et le masque D’un seul festin
Figé à voir Comme un destin de pierre Enfreint entre mes seins ! |
Si loin de toi Ainsi Pâle La pluie sur mon épaule Le Rossignol Si le rossignol ce soir pouvait te dire Si loin de toi ce que mon cœur ressenti La nuit serait encore plus longue que l’hiver Obscure et noir Ainsi à rejeter la vie!
Et j’attends ton retour comme on attend le jour Pâle au pieds des arbres La pluie sur mon épaule |
D’aller si haut D’aller noyerEt le silence Ainsi dans ton absence L’alouette Au midi tombé la tête couchée dans les blés J’ai demandé à l’alouette D’aller si haut D’aller noyer Là-bas——mes mots dans le ciel! Alors d’azur qu’il t’en souvienne Et le silence D’aller plonger Ainsi dans ton absence Où mon amour se meurt |
Léo part …. Léo part Avec grand art Sur la plage des galets Au pays sénégalais Il était blanc et noir C’était vingt heures le soir Ses yeux fixaient le ciel Parti le brûlant soleil Il suivait les âmes mortes Trébuchant sur une motte Quelqu’un le rattrapa Mais personne n’était là Sa bouche pleine de dents C’était son seul coin blanc Mais rose était sa langue Crépu sa tête blanche Rose, ses pieds, ses mains, Il défiait le destin. La mer sourdement mélangeant Le sable, les roches, les galets, Roi inconnu- presque riant Riche d’amour son corps se pliant Comme les palmiers accrochés À la terre, aux tempêtes, au temps. Les âmes regardaient Léo Beau cet athlète lui offrirent un chapeau Genre large comme sa liberté Il le sentit à peine Ne sera plus nu dans la plaine À son retour bien longtemps après Il ne trouva plus rien Aucun de ses cousins Ayant pris la mer Pour un autre univers Vers le haut, vers l’Europe Mais la vie est bien salope Lui ne partit pas Et ne s’ennuya pas Couvert par son chapeau magique Il ne prit pas la vie au tragique Personne ne revint De ce si long chemin Léo ne les oublia pas Et tira son chapeau à son trépas. |
Où est donc …. Où est donc mon triste souvenir qui d’un pas sans visage sans amour sans destin à venir – et de femmes sans demain descend dans l’arène – tuer, ce montre hideux qui nous tyrannise, cette bête immonde qui nous dévore et nous oblige, cette chimère infâme qui nous torture, cette illusion qui nous aliène, cette chose épouvantable que l’on appelle langage ? Où est donc mon frère, mon viel ami Mon Minotaure de jadis! |
Samedi aux champs Elysée Ce n’est pas pour rampez Ni pour même pleurer À être gazés Condamnés Dès lors embastillés, garrotés Et Pendus à l’iniquité Que nous sommes venus !
Non et si nous marchons encore Les yeux arrachés Ce n’est pas pour faire ordre Mais pour faire nombre ! |
Aux Gilets Jaunes
Et à force de tomber |
la vie, inimitable, sans destins condamnés !
Je médits du monde comme je maudits de tout Interminable
Aux amours oubliées, aux sourires sans vous Inimitable.
Et je regarde ainsi laissé les yeux ouverts
O curas hominum, o quantum est in rebus inane! |
que meure le matin, À écouter les oiseaux LUGETE, O VENERES CUPIDINESQUE… Que pleurent les Vénus — Que pleurent les Amours |
Il faut de tout désespérer Il faut de tout désespérer |
Mélange Obscur ▪ Opuscule de Prévinquières
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Il faut de tout… Il faut de tout
Du monde du moi des infinis Désespérer
Et rendre les choses impossibles |
Enfant je jouais Enfant je jouais, le temps qu’il me compta, à n’être les yeux fermés Qu’ainsi qu’il me laissa, Aux dés, entre les dents à dévorer Caché, mourant de naître, Au plus profond de la lumière ! Et là de rire, enfin lucide à ne plus savoir parler Ivre dans le silence, Qu’ainsi je jouais, à toute emprise Un jeu sans humanité, d’un monde incommensurable ! |
Ô mon amant Ô mon amant Crois-moi Ici L’effroi de la beauté Ne se voit pas dans le miroir Et pourtant Partout de la clarté Partout de la lumière Le laid infiniment ! Le labyrinthe de la Gorgone Bleu d’Encre Editions 2013 |
Et se penchant alors… Et se penchant alors sur son sexe en appui le Minotaure extasiez ! la femme démembrée et tout en ça imposez ! sa forme impérative. Variations sur le Minotaure amoureux Editions Clapas 2001 |