Anne-Marie Weyers

Biographie

Poésies

J’Aime
Ta grâce
Naturelle
Le geste fugitif
Qui découvre
l’oreille
Ample flanc de montagne
Beauté mouvante
Non déclarée
Cachée au creux de ta fraîcheur
Sauvage
Qui ne connaît
Aucun des artifices

Tant de sources
Ont perdu
Leur
 
Pollen.

Si j’étais un esprit
J’irais en ta maison
Créer l’ordre à ta place
Insuffler à ton cœur
Un rêve bienveillant
 
Si j’étais un esprit
Poser avec ardeur
Un baiser sur ton front
Et tendrement partir
Sans laisser trace
 
Si j’étais un esprit
Tendrement
Sans trace

Ma lointaine famille en pays de jadis
Des âmes se souvient engourdies de limbes
Qui revinrent musicales émerger de la brume
Planant en ses cheveux silencieusement calmes
Elles coulent, vapeurs d’eau sur l’ère familiale
Leur souffle frôle l’ombre
La plainte de la vie trouble leur songe
 
Fébriles elles vacillent en ondes pommelées
Sur le marbre rose de l’espoir
Et la conscience passe sur la mémoire
Sa main vaste, aubes éparses, souvenances
Caresse le rose-corail de la pierre en éveil
 
Mon frère du lointain
Enchaînant ses fondus sur les phrases du vent
Profile son absence sur les pages de brume
Hâle par-delà les rives d’autre part
La race des astres hoirie
Equipage de fumerolles et de famille
Traîne derrière lui le firmament
 
Sa bouche rongée à l’acide du temps
Laisse voir sa semaine d’ivoire
Sept dents serties en sourire effrangé
Son ombre le précède, lait d’étoile, phosphorescence
Elle rampe et de sa langue lampe l’obscure passé
Remontant le cours de son lit à génies envoûtés
 
Le nulle part prête son mirage à l’Histoire
Les âges en léthargie voient leurs plages étranglées
Au sablier du présent qui mesure leur pouls
Mais mon frère de partout
Sa poitrine béante de souffrance infinie n’a pas de saison
Le souffle du monde sur ses cheveux de harpe s’enroule à confusion
Ses mémoires sont longues et brèves
Mon frère est incommensurable
 
Mon frère du lointain a l’ampleur des montagnes
Prophète majestueux
Son regard, le paisible du lac où l’âme
En silence, mire sa cascade d’échos
Le sous-bois de ses yeux exhale souffles divins, révélations, oracles
Ses mains évaporées sont amour jusqu’aux primes légendes
 
Petite fille à peine, j’ai senti sa présence en outre-rivage
Ce frère de là-bas quelque part en pays de jadis
Je sais qu’il frappera un jour à ma porte
Avec la clé des songes et de ma rive en sa bourrasque
Qu’une tornade alors m’emporte vers les espaces
Où les plages se noient dans les marées d’amour
Mon frère du lointain a le baiser salé des sables et les élans d’écume.

Anne-Marie Weyers

Quand tu ouvres la fenêtre et salues mon pas
Mon âme s’épanouit au souffle de la grâce
Quand tu scrutes ma pupille et dis : « comment vas-tu » ?
Respect dans la voix, attention du regard
La nuit s’emplit d’étoiles et me souffle à l’oreille
Le chant oublié, la douceur de l’instant
 
Quand je te dis au revoir et m’éloigne de toi
Ton bras s’élève en fleur à cinq pétales
Ta frêle silhouette se dévide en tremblant
Fil de tendresse qui me suit dans la brume
S’y consume aux volutes d’une danse-caresse
Son parfum me guide et console mon âme
 
A fleur de ravins ma route sinue incertaine
Elle sombre au cœur noir et profond de l’oubli
Passés les cols de détresses et d’effrois,
Ma solitude fuit l’ombre de la nuit
Et gravit aveugle le lit de torrents asséchés
 
A mes pieds là-haut, dans la rosée du vertige
S’ouvre devant moi l’infiniment infini
D’un panorama de lunes et soleils confondus
Un enfant de nulle part traverse le ciel en courant
Il me trace un chemin, l’arabesque d’un rêve
Langue dormante aux accents mémoriels
Gerbe d’étoiles qui gicle en fusée de détresse
Dans la nuit où je guette un geste de la grâce,
Le frémissement d’un bras fleuri de cinq pétales
 
L’automne venu, il palpitera une dernière fois
A la fenêtre de ton amour
Ornant les traces de tes pas déjà lointains
D’un tendre souffle de mémoire
 
Quand tu ouvrais la fenêtre pour un adieu
Lunes et soleils
Douceur d’enfant dans le ciel
En courant
 
Maman !

Anne-Marie Weyers

Sous le jardin de pierre
Un poème demeure
 
La pierre le couvre
L’abreuve de sagesse
 
Quand vient son heure
Il la transperce
 
Fleurit et meurt
Offre ses graines
 
L’oiseau chanteur
Y fait honneur
 
En sa gorge fleurit
Un beau poème bleu