Georges Cantala
Biographie
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.
Poésies
Entre huit et dix, la nuit est subsistances,
De mangeailles, pitancances, bouffes et festins,
De dives bouteilles, grands crus et bulles d’or,
De doigts, dents, langues, lèvres, bouches sans remords,
Qui mordent, mâchent, tachent, sans fins et sans fin,
Entre huit et dix, la nuit est Big bombances.
Â
Entre dix et minuit, la nuit est en danses,
Rythmes de reggae, rock, électro et techno,
Tempos latinos et djembés d’Africaines,
Transes, tangues, tracent, sauts de ces sirènes,
Pulsions, obsessions, de sons, scies et sonos,
Entre dix et minuit, la nuit est cadences
Â
Entre minuit et deux, la nuit est licences,
Des âmes, cœurs et corps, tous ces fols feux-follets,
Trop chauds, trop urgés, qui déchaînent, s’enchaînent,
Volcans de leurs vœux, sans haine, crainte, ni gêne,
Dansent et tanguent d’éros l’éternel ballet,
Entre minuit et deux, nuit est jouissances.
Â
Entre deux et quatre, la nuit est silences,
Songes alcoolisés, stuprés, somniférés,
Les âmes sonnées sombrent dans l’ombre,
Immense, dense, temps de spectres sans nombre,
De la nuit vampire, aux effrois acérés,
Entre deux et quatre, la nuit est en transes.
Â
Entre quatre et six, la nuit est renaissances,
Entre loups et chiens, à la pointe de l’aube,
Quand le soleil matin, repeint son papier peint,
Le monde et les êtres, d’un rayon de rapin,
La vie, rit, vit, et raille les ribaudes,
Entre quatre et six, la nuit MA renaissance.
Me réveille, en sueurs, en sursaut,
Tête tourne, estomac de fer,
Peur panique, cerveau en morceaux,
Vertige vert, voyage en enfer,
Est-ce qu’il y en a encore ?
Â
Me relève, titube et traîne,
Jusqu’au tiroir, fouille forcené,
Où est l’extrait, fouille avec peine,
Dans tout ce tas, le bon, le dernier,
Est-ce qu’il y en a encore ?
Â
Mes mains tremblent, mes yeux se brouillent,
Ne trouve rien, fout tout par terre,
Plonge au sol, fouille et farfouille,
Ne trouve rien, plus rien à faire
Est-ce qu’il y en a encore ?
Â
À la banque, je dois y aller,
Je dois savoir, peux plus souffrir ça,
Cette frousse, féroce à chialer,
Met un imper, trace jusque-là ,
Est-ce qu’il y en a encore ?
Â
La lune est là , hallucinée,
Me regarde de son Å“il hagard,
J’ai froid au pied, pompes ruinées,
Je grelotte, monde est un mitard,
Est-ce qu’il y en a encore ?
Â
LÃ , la banque; traverse en trombe
Klaxons d’enfer, un connard vole,
La bagnole, comme une bombe,
Fracass(e) la nuit, file et me frôle,
Est-ce qu’il y en a encore ?
Â
Guichet, clavier, le code, enter,
Le truc est lent, me trompe de choix,
Et de la pub, c’est fou, c’est l’enfer,
Enfin, j’y suis, j’oscille, je vois,
Est-ce qu’il y en a encore ?
Â
La lune rit, un chien me sourit,
Une souris, mimi, me ravit,
Encore un temps de pris, de gagné, de répit.
Â
Sur mon compte, j’en ai encore !
Où est-il passé le pays perdu ?
Le pays heureux, le pays tout bleu,
Aux horizons d’ors, aux trésors rendus,
Aux flux et reflux des étés de feux,
Aux canicules de chiens étendus,
Aux secs poussiers de sentiers sablonneux.
Â
Où est-il passé le pays maquis ?
Aux jeux sans fin, sans confins, sans répits,
Aux raids ragés dans des camps ennemis,
Aux courses folles dans les fols épis,
Aux fiers feux de camp, aux amis promis,
Aux chants profonds, échos des loups tapis.
Â
Où est-il passé le pays salin ?
Aux vents puissants, aux vastes océans,
Aux flots du Nord, aux rouleaux levantins,
Aux vagues brisant et crissant l’estran,
Aux cris de vie, aux oiseaux malins,
Aux pas d’hier, qu’on oublie céans.
Â
Où est-il passé le pays fécond ?
Le pays fruit des plaisirs répandus,
Aux pommes d’or, aux épis ronds et blonds,
Aux sources d’argent, aux flots assidus,
Aux troupeaux libres, aux chatons gloutons,
Aux heurts du malheur pour toujours fondus.
Â
Où est-il passé le pays câlin ?
Aux désirs plaisirs souvent défendus,
Aux débutants, aux âges trop matins,
Aux tourments des sangs, aux cœurs éperdus,
Aux rendez-vous fous, aux jolis quatrains,
Aux yeux qui rient, aux baisers rendus.
Â
Où est-il passé le pays perdu ?
Le pays heureux, le pays tout bleu,
Il est toujours là , le cœur éperdu,
Au fond de tes yeux, refuge radieux
Au matin,
Le miroir est anneau d’or, d’eau et d’air,
Les réflexions sont lisses et liesses,
Les reflets sont faces glace de l’eau,
Narcisse novice, aux reflets clairs,
Croient en des karmas d’allégresse,
Â
Au midi,
Le miroir est de feu, de four, de flamm (e),
Les images sont ferventes et félines,
Les éclats sont flambants, beaux, blancs et chauds
Dans la forge du soleil qui slam (e)
La merveille du désir famine.
Â
À l’aprem,
Le miroir est de vert et pers tendu,
Les halos câlins, longs, s’allongent,
Les profils dans les ombres adagios,
Rêveries de rêves suspendus,
De vents velours qui surfent les songes.
Â
Au couchant,
Le miroir est d’infinies douceurs,
Les reflets incarnent les clairs-obscurs,
Les orangés aux ponants hivernaux,
Les bleutés diaprés dans les épaisseurs,
Les cieux et lieux que la nuit transfigur (e).
Â
Au matin,
Le miroir est anneau d’or, d’eau et d’air,
La ronde riche des jours et des heures,
Florissante, s’y reflète à nouveau,
Comme s’y rallume, tendre lumièr (e),
Ton sourir (e) suave, comme une fleur.
Je suis l’heureux propriétaire,
D’un merveilleux miroir psyché,
Aux eaux vertes, douces, profondes,
Je m’y mire et m’y considère,
M’y re-mire et me voit entiché ;
De ma beauté et j’y succombe.
Â
Là , je m’y chéris chaque matin,
À paraître toujours aussi bôôô,
Tends la jambe, les bras, si gracieux
Face et profil, sourire mutin,
Je me volte, rythme de Mambo,
Tends la cuisse, reflets audacieux.
Â
Une aurore, qu’ainsi je posais,
Du plus profond du ciel tourmenté,
Vint galoper sur le pauvre toit,
Un orage, qui tout ras razziait,
Tous et toutous, tout épouvantés
Un éclair flasha, me laissa coi.
Â
Quand je repris l’esprit et l’estoc,
Le beau reflet avait disparu,
Mais se tenant à côté de moi,
Un autre moi, rigolant à bloc,
Ridicule et fort incongru,
Qui grimaça, me mit en émoi.
Â
Rentre dans ta cage, hurlais-je,
Jamais, fit — il, je suis libéré,
Vais enfin sortir, voir le Lede,
Et plus ta bête tronche beige,
Trop longtemps que j (e) suis incarcéré,
Marre, adios ; salut, l’im Lede !
Â
Reviens, hurles — je, à le siamois,
Il court, il fonce, fissa file,
Hélas, hélas, ne peux l’attraper,
Il va faire, sûr, des trucs sans moi,
Et m’accuser, mobil(e) débile,
Serai pendu ou estrapadé !
Â
Flash, flash, flash et reflash,
Tout n’était qu’illusions,
Et hallucinations,
Ouf ! Car c’était d’un trash !
Â
Mais horreur, que vois-je,
Quel est ce moch’ rictus,
De mon reflet-virus,
Ô rage et sauvage et outrage !
Â
Un marteau, dare-dare !
Y va voir, le salopard !
La ville qui est dans ma ru(e),
N’a plus 1000 ans depuis longtemps,
Pavés usés par tant de pieds,
Trop usés d’avoir trop vécu,
Trop usés d’avoir trop de temps,
Trop usés de trop d’héritiers,
Bruxelles, sempiternelle.
Â
La ville qui est dans mes feux,
De cañons, de torrents tonnants,
Du million de voix, de klaxons,
De pierres, de verres, d’essieux,
Qui moulent et roulent en rangs,
D’actions, tractions et réactions.
Bruxelles, tes décibels.
Â
La ville qui est dans mes yeux,
Peuple panaché, palette
De formes, de fois et d’alois,
Qui est dans tes parlers curieux,
Dans tes chants, tes oreillettes
Dans tes accents, dans tes patois,
Bruxelles, ta tour de Babel.
Â
La ville qui est dans mes sens,
Courants d’airs, de fleurs, de frites,
D’épices et de vents d’orient,
De saveurs d’ici ou de ranch,
De cités trop interdites,
De champs, d’étangs ou d’océans,
Bruxelles, dans ta gamelle.
Â
La ville qui est dans mes ris,
Dans tes fêtes et tes chansons,
Dans tes défilés et tes bals,
Dans tes feux, fêtes, coups et cris,
Dans tes jeux, chars et champions,
Dans ton cadre de carnaval.
Bruxelles, confraternelle.
Â
La ville qui est dans mon cœur,
Dans les parcs de mon enfance,
Dans les foires de mes dix ans,
Dans les yeux des filles en fleurs,
Dans les bonheurs de mes chances,
Dans mon âge-ci s’achevant.
Bruxelles, pour toujours, belle.
Â
Post-scriptum d’aveu d’une faute vénielle :
Afin de couper court à toute querelle,
J’ai sucré la strophe : « Bruxelles, poubelle » !
Â
â–
Re-Ps : un clin d’œil en hommage à Serge Reggiani.
Bien longtemps après que Micha et Vert-de-Gris,
Eurent accompli toutes leurs aventures,
De par le grand monde, et soulagé en chemin,
Bien des misères, bien des larmes et des cris,
Un soir de Noël, terminaient l’écriture,
Des récits de leurs exploits et de leurs turbins.
Â
Dans le silence de leur salon lambrissé,
On n’entendait dans le soir que le bruit berceur,
Du cliquetis des claviers, et de rares mots,
Qu’ils lançaient sur des épisodes épicés,
Les heures s’écoulaient ainsi toutes en douceur,
Quand l’alarme éclata sur « Alerte-animaux » !
Â
C’était Balthazar, le basset qui appelait,
Au secours, hurla-t-il, c’est affreux, monstrueux,
Vous devez venir sauver la situation,
Dans la clairière du Mont, près de la cime !
L’appel fut coupé et nos amis valeureux,
S’élancèrent au secours de ces victimes.
Â
Arrivés sur place, s’arrêtèrent stupéfaits,
Ils étaient tous là , ces potes qu’ils s’étaient faits,
D’Europe en Afrique, le continent secret,
De villes en plaines, de brousses en forêts,
Au long de leurs aventures et qui chantaient,
Leur jolie balade, dans un chœur parfait. (i)
Â
Il y avait là :
Georges, le rouge-gorge et sa compagne Gina,
Kaboss, la petite rhino et ses parents, Kaline et Koloss,
Joney, le poney, Agnesse, l’ânesse et son petit,
Fanny, le faon, avec Ycha, Adalbert et Bébert, sa nouvelle famille,
Léa, la loutre et son pote, Castro, le castor
Odile, la reine crocodile et ses ministres végétariens,
Albert, le dromadaire,
La princesse Sabra et Najafis, les cobras,
Léa, la louve d’or, et ses petits
Guy, le gypaète barbu,
Mehdi, l’enfant du désert, et Chaba, sa chèvre,
Afrika, la matriarche des éléphants et son fils Plato sur son skate,
Les rangers du parc Murchison en Ouganda,
Gérard, le guépard,
Léna et Leslie, le couple souverain du peuple des lions,
Jaco, le perroquet,
Gisèle la girafe.
Â
La chanson bouclée, se mirent à pleurer,
D’émotion, de bonheur, embrassant sans fin,
Tous leurs amis si chers et enfin retrouvés,
Jusque bien tard dans la nuit, et tous pleins d’entrain,
Ils firent la rumba à coups de jus fruités,
Merveilleux Noël, pour de merveilleux copains.
Le chat Micha chassait une souris,
Vert-de-gris, la souris, fuyait Micha,
Dans tout le jardin, c’était la furi’,
Ils se coursaient, faisaient des entrechats,
Le jour et la nuit, sacré safari,
Infernales rumbas et cha-cha-cha !
Â
Micha le chat, un jour trop tragique,
Coinça Vert-de-gris au fond du jardin,
La pauvre ch’tite, folle panique,
Tremblait de terreur, voyant son destin,
Cria à Micha, tu es sadique,
Et un assassin, méchant et mesquin !
Â
Micha répondit, mais non, pas du tout,
Je dois obéir, à notre maître,
Bigboss, qui me nourrit, le manitou,
Qui veut tuer, dans son périmètre,
Toutes les souris et ch’suis son matou,
J’ai pas le choix, c’est ma raison d’être.
Â
Vert-de-gris, la souris, lui répondit,
Et si tu lui montrais, tous les matins,
Un’ souris morte, il serait gentil ?
Le chat répondit, ô oui, c’est certain,
Il serait trop comblé, et trop réjoui,
Moi j’aime pas trop ça, bien que félin.
Â
Je vais te proposer, fit Vert-de-gris,
De faire la morte, Ã sa porte,
Tous les matins, devant toi, Micha gris,
Et ton Bigboss, croira, de la sorte,
Ne plus endurer chez lui de souris,
Et toi, tout aussi bien, peu t’importe.
Â
Micha dit : Vert-de-gris tu es génial’ ;
Et c’est ainsi que, au petit matin,
Micha présentait, spectacle jovial,
Ell’ faisant le mort’, scénario malin,
Et les deux complices, rire royal,
Se marraient bien, tout au fond du jardin.
Â
PS : Et tout le monde s’en porta fort bien.
Extrait de LES AVENTURES DE MICHA ET VERT-DE-GRIS.
Micha le chat était un doux matou,
Qui avait une souris pour copain,
La Vert-de-gris, maline comme un sioux,
Deux vrais potes, le rongeur et l’félin,
Et à eux deux, Bigboss le manitou,
Ils l’avaient doublé, ce cruel vaurien.
Â
Ce type exploitait Micha le doux chat,
Pour tuer les souris, dont Vert-de-gris,
Cruel, sans pitié, cet affreux pacha,
Un jour maudit, pour buter les souris,
D’effroyables poisons, il fit l’achat,
Nos amis quittèrent ce coin pourri.
Â
Bras dessus bras dessous, les deux amis,
Chat et souris s’en allèrent tout droit,
Par les chemins, les jardins, les semis,
Les fleurs sauvages, les prés et les bois
Dînant de fromage, de salami,
Riant, dansant, chantant à pleine voix.
Â
Un matin chagrin, venant d’un fourré,
Ils entendirent des cris et des pleurs,
D’un pauvre oiseau, au filet enferré,
Pris au piège de cette rare horreur,
Dressée là par les esprits tarés
De ceux qui vendent les oiseaux chanteurs.
Â
Et ce rouge-gorge, ce malheureux,
De désespoir, de crainte, de douleur,
Criait, piaillait, honteux et peureux,
D’être pris au piège par l’oiseleur ;
Dents et griffes, les amis courageux,
Libérèrent l’oiseau, fou de bonheur.
Â
Ayant conclu l’alliance, les trois potes,
Se mirent en chasse d’autres pièges,
Le rouge-gorge, fort en papottes,
Hélait ses amis, par ses arpèges,
Pour mettre les filets en compote,
Mettant en pièces ces sacrilèges.
Â
Quand ils eurent nettoyé la forêt,
Et déchiré tous ces maudits filets,
Les oiseleurs, beuglants gorets,
Vides, livides, penauds et benêts,
Jurèrent que jamais n’y reviendraient,
Laissant en paix les bêt’ qui jubilaient.
Â
Micha, Vert-de-gris et Georges, rouge-gorge,
S’en allèrent lors vers d’autres aventures,
Et d’autres hauts faits dont leurs fables regorgent.
Â
Ainsi, Micha, Vert-de-gris et Georges,
Nos trois amis, trois compères joyeux,
Le chat, la souris, le rouge-gorge,
Allaient gaiement par les chemins radieux,
De plaines en monts, de vals en gorges,
En bourgades, spectacles merveilleux.
Â
Un certain soir qu’ils étaient parvenus,
À l’entrée d’un joli village,
Ils remarquèrent un truc saugrenu,
Une remorque sans attelage,
Abandonnée sans feux convenus,
Avec au milieu, un’ sombre cage.
Â
En s’en approchant, nos trois grands complices,
Virent, enfermé dans cette cage,
Un’ fille rhino, au supplice,
Dans cette cage, en étalage,
Tremblante de peur, quelle malice,
Ell’ sanglotait contre le grillage.
Â
Dès qu’elle la vit, Vert-de-gris, comprit,
Qu’la rhino naine, d’eux aurait besoin,
Elle dit tout doux, sans charivari,
Que fais-tu donc là , dans cet affreux coin ?
J’ai été saisie par un safari,
Qui de maman, m’a emporté au loin.
Â
Comme ell’ sanglotait, Vert-de-gris lui dit,
Nous allons tous les trois te délier,
Et t’emmener bien loin de ces bandits,
Et près de ta maman, te ramener,
Un zoo pour toi n’est pas un paradis,
Il faut vivre libres, pas enfermés.
Â
Sitôt dit, sitôt fait, les trois alliés,
Prirent leurs postes, Georges sur le toit,
Avec chat Micha pour tout surveiller,
Vert-de-gris qui déjà avait vu quoi,
S’attaqua sans peur et sans sourciller,
Aux cordes qui fermaient la porte en bois.
Â
Comme Vert-de-gris, grignotait les brins,
Les deux autres donnèrent l’alarme,
Un camion venait, qui tournait le coin,
Le matou Micha, en grand vacarme,
Bondit sur l’homme, longtemps le retint,
Et rhino se sauva comme un charme.
Â
Hors de danger, Georges lui demanda,
Comment t’appelles-tu, petit rhino,
Kaboss est l’nom que Maman me donna.
Micha leur dit : faudra être finauds,
Pour la raccompagner en Ouganda :
C’était le nom inscrit sur le panneau.
Â
Et d’est avec aplomb que nos nouveaux amis,
Partirent vers le sud avec leur salami, (i)
Rendre à une maman sa Kaboss tout’ mimi,
Et nous verrons plus loin, comment cela se fit.
Â
(i) Salami végétarien comme il se doit.
Un soir d’automne que nos quatre amis,
S’étaient réfugiés dans une étable,
Chassés par le vent, maudit tsunami,
D’orages et de foudres redoutables,
Se blottirent avec leur salami,
Dans un recoin, chaud et confortable.
Â
Ils parlèrent longtemps de leur grand plan,
Quand un beau poney gris vint leur parler,
Qui leur conta son récit en tremblant ;
Au grand château, devaient se rassembler,
Le méchant marquis et son cruel clan,
Tous fous de fusils, pour aller chasser.
Â
Il y aura, fit Joney le poney,
Des baronnes, et chausseurs à leurs pieds,
Des sinistres et banquiers en gilet,
De grands généraux et bêt’ brigadiers,
Tous venus là pour tuer en forêt,
Des animaux à flinguer sans pitié.
Â
Le rouge-gorge lui parla longtemps,
Fort longtemps, dans le creux de l’oreille,
Joney, le poney, après tout ce temps,
S’écria, souris, t’es sans pareille,
T’es vert-de-gris, mais ton cœur est d’or blanc,
Je vais partout dire la merveille.
Â
C’est ainsi que le lendemain matin,
La colonne à cheval des invités,
S’enfonça dans la forêt aux sapins,
Suivi par nos amis à pas comptés,
Une heure plus tard, la band’ des rupins,
Se mit à hurler et à tempêter.
Â
Ils avaient réussi à acculer
Sur l’îlot un faon, encore un enfant,
Là , ils s’avançaient pour le supplice,
Quand Kaboss fonça, obus triomphant,
Sur leurs chevaux, devenus complices,
Qui les jetèrent, ruant et riant.
Â
Et les baronnes, et ceux à leurs pieds,
Les sinistres et banquiers en gilet,
Les grands généraux et bêt’ brigadiers,
Tous venus là pour tuer en forêt,
Churent, bouche bée, dans le bourbier,
Culs par-dessus têtes, cons et benêts.
Â
Nos quat’ amis, plus Joney le poney,
Et Fanny le faon, la rescapée,
Et les chevaux, bien gais et guillerets,
En un grand conseil, à l’échappée,
Dirent de joindre le clan des jeunets,
Et de partir loin de ces épées.
Â
Le lendemain repartit l’équipe,
Avec la nouvelle, Fanny le faon,
Une belle bande de chics types,
Vers d’autres horizons ébouriffants.
On se souvient qu’ Micha et Vert-de-gris,
Avaient abandonné l’infâme Bigboss,
Cet être cruel , méchant et aigri,
Qui ne pensait que tuer rapidos,
Tous les animaux, surtout les souris,
Et n’était content qu’en voyant leurs os.
Â
Il adorait les produits chimiques,
Surtout ceux qui tuent, détruisent tout,
Des pesticides, brutaux, drastiques,
Et voulait en mettre, chez lui, partout,
Et en quantités astronomiques,
Contre les souris du jardin surtout.
Â
Bigboss était en fait un très grand fan,
D’la maxi company Saint Montagne,
Qui fabriquait pour son grand-oncle Sam,
Des tas de chimiques de campagne,
Qui tout tuent, tout brûlent et tout fan’
D’la Mongolie jusqu’en Espagne.
Â
Un triste matin qu’il avait reçu,
Son produit de mort, la triste andouille,
En prit dans la main, pas du tout déçu,
Lors, au visage, une grenouille,
Fit un bond bestial, projetant un flux,
Qui l’aspergera comme sur des nouilles.
Â
Il en reçut plein sur la figure,
Sur son beau costard, dans ses chaussures,
Et encaissa tout’ la confiture.
Â
Bigboss en réchappa, mais à peine,
Mais plus jamais, il ne fut le même,
Dans son home, l’est sage sans haine,
Depuis des heures, Joney, le poney,
Filait droit devant lui à tout’ pattes,
Filait droit devant ceux qui l’talonnaient,
Ces gens méchants qu’elle a mis en boîte,
Et qui à cette heure l’éperonnaient,
Pour lui faire payer ses croche-pattes.
Â
Avec Micha et sa bande dingue,
Vert-de-gris, Kaboss, Georges, tous frères
Ils avaient bousillé le bastringue,
Du méchant marquis à l’âme amère,
Et sa chasse à courre frapadingue,
Qui valdingua, finissant par terre. (i)
Â
Un des chevaux complices de ce tour,
Avait cafardé, obligeant Joney,
À fuir pour échapper, au petit jour,
À l’homme en noir des chevaux et poneys,
Il galopait, se sachant sans secours,
Face au marquis, de peur il frissonnait.
Â
Au bord du Clair-bois, là , il trébucha,
Et s’étala d’un coup de tout son long,
À ce moment, le marquis déboucha,
Des noirs fourrés, sur son noir étalon,
Un sourire méchant il ébaucha,
Et tira presto un couteau très long.
Â
Au moment même où très sûr de lui,
Il s’avançait vers Joney terrifié,
Un formidable vacarme s’ensuit,
Qui les laissa tous les deux pétrifiés,
Le méchant marquis de terreur s’enfuit,
Devant le sprint d’un rhino justicier.
Â
Derrière Kaboss, furieux charivari,
Venait le chat Micha, le George en l’air,
Puis Vert-de-gris sur le dos de Fanny,
Tous fonçaient en poussant des cris de guerr’,
Formidable frousse, le fier marquis,
Détala fissa, s’étala par terr’.
Â
Après sa fuite, et ayant bien ri,
Nos joyeux amis, s’assirent en rond
Alors parla Vert-de-gris la souris :
Joney, le marquis et ses noirs barons,
Ne te laisseront, j’en fais le pari,
Viens avec nous tous, loin, nous partirons
Â
Pour fêter ça, au bord du ruisseau frais,
Se firent fissa, salami party, (ii)
Puis, vers le grand sud, donnant du jarret,
Au petit matin, loin étaient partis.
(i) Voir épisode 5 : « La chasse à courre qui s’encourt ».
(ii) Salami végétarien, comme toujours.
(Un clin d’œil aux adultes)
Â
Notre joyeuse bande de copains,
Allait chantant, du matin jusqu’au soir,
Par les campagnes et les grands chemins,
Par les villages, les bourgs et les foir’
Pour ramener Kaboss, un beau matin,
À sa maman, qu’ell’ rêve de revoir.
Â
Ils allaient de concert vers le midi,
Vers l’Ouganda, beau pays d’Afrique,
Avec ses savanes pas riquiqui, (i)
Son soleil, ses troupeaux magnifiques,
Affrontant les pièges à l’infini,
Tendus par des humains maléfiques,
Â
Une aprèm d’automne, dans la forêt,
Georges qui voltigeait en éclaireur,
Pour reconnaître la route de près,
Revint en hâte, frissonnant d’horreur,
Au secours, les amis, dans un bosquet,
Une famille vit un grand malheur !
Â
Atteignant les lieux de l’affreux drame,
Ils aperçurent une maman pinson,
Qui volait en cercles, cris et larmes,
Autour d’un nid tombé sur le gazon,
Où trois bébés pinsons plein d’alarme,
Appelaient maman, pauvres enfançons.
Â
Micha qui avait gardé son sang-froid,
S’écria : Kaboss, Fanny et Joney,
Formez le cercle, protégez ces trois ;
Vert-de-gris et moi allons ramener,
Ce nid et ces petits tout pleins d’effrois,
Car nous ne pouvons les abandonner.
Â
Quand un coquin capon, jaillit du bois,
Hurla et s’élança, affreux guignol,
La maman cria, hurla, fol émoi,
C’est lui qui a jeté le nid au sol,
Et emmené leur père loin de moi,
Mon pauvre Pietro n’a pas eu de bol.
Â
Georges, furieux, à ce moment précis,
Déboulant du ciel, boulet de canon,
Sur son crâne crado et mal poli,
Planta griffes et becs sur le capon,
Griffé, lacéré, et en raviolis,
Lui et son crâne crièrent pardon.
Â
Kaboss, Fanny, Joney retrouvèrent,
Plus loin les cages du coquin capon,
Le père des bébés libérèrent,
Et bien d’autres piafs, tous leurs compagnons,
Les nids et familles replacèrent,
Dans un grand arbre, bien sûr, beau et bon.
Â
Ainsi, Georges, le preux, le valeureux,
Terrassa l’capon, odieux et peureux,
Et, ayant protégé ces malheureux,
Il repartit joyeux et bien heureux,
Avec ses potes, amis fiers et preux,
Vers le sud doré aux cieux généreux.
Â
(i) Capon : individu lâche et couard qui attaque les faibles et frappe dans le dos
Une froide nuit que nos bons amis,
S’étaient endormis dans une forêt,
Micha entendit, un peu endormi,
Un des potes qui geignait sans arrêt,
Tout doux, tout léger, des pleurs de fourmi,
Il se leva pour voir lequel pleurait.
Â
Tous dormaient profonds, sauf Fanny le faon,
Des larmes coulaient de ses yeux si beaux,
Micha lui demanda : ma chère enfant,
Que se passe-t-il donc, quel gros bobo ?
Raconte à Micha, pourquoi ton cœur se fend :
Je veux ma maman, aux jolis sabots !
Â
La pauvrette, là , retomba en pleurs,
Comme un gros bébé, à chaudes larmes,
Dans cette nuit de sa pauvre douleur :
J’étais heureuse, jamais d’alarmes,
Avec Papa, Maman, dans leur chaleur,
Bien loin des humains et de leurs armes
Â
Mais quel est cet enfant qui pleure ainsi ?
La voix puissante qui avait rugi,
Aux tons hardis, mais ici radoucis,
D’un ténébreux fourré, alors surgit,
Un couple de cerfs, fiers, épanouis,
Papa, Maman, et un faon qui vagit.
Â
Micha répondit, c’est notre amie,
Qui pleure sa maman disparue,
La biche parla, douce et gentille,
Je suis Ycha, et je te salue,
Tu es Fanny, voici ma famille,
Adalbert et Bébert sont ma tribu.
Â
Adalbert le cerf salua des bois,
Et Bébert le sot, courut comme un fou,
Autour de la troupe dans ce sous-bois,
Ysha dit à Fanny, viens avec nous,
Nous pourrons chercher ta maman crois-moi,
Nous fouillerons champs et forêts partout.
Â
Fanny répondit, je veux ma maman,
Je vais avec vous ; pardon les copains,
Ta maman avant nous, évidement,
Fit Micha, va, faites gaffe au coquins
Nous nous reverrons quand viendra le temps,
Aujourd’hui ou demain, sûr et certain.
Â
Quelques larmes et adieux bien plus tard,
Les vieux copains se dirent au revoir,
Et partirent chacun vers leurs hasards,
Mais leur réunion fera du pétard.
Un clair matin, de soleil d’or très doux,
Qui allumait les feuilles d’automne,
De rouge, de jaune, et d’acajou,
Au ciel d’un bleu d’azur qui cartonne,
Dame Nature cherchait son doudou,
Pour s’endormir dans l’hiver trop morne.
Â
Nos amis avançaient, ce matin-là ,
Sur ce chemin qui devait les mener,
Loin vers le grand Sud, vers cet Ouganda,
Où ils devaient aller raccompagner,
Leur copine Kaboss qu’on enleva,
À maman rhino, au cœur trop saigné.
Â
À ce moment, Georges qui voltigeait,
À l’avant du groupe, revint vers eux,
À tire d’ailes, crissant comme un geai,
Faites gaffe, y a un piège affreux,
Ai vu des animaux qu’on encageait,
Un camp devant, hideux et monstrueux.
Â
Ils arrivèrent près d’une grille,
Et virent des animaux en cage,
Qui tournaient en rond ; un grand gorille,
D’autres singes, une lionne en rage,
Des isolés, aussi des familles,
Un camp de prisonniers, de stockage !
Â
Et bien, amis, que faites-vous ici ?
Ils se tournèrent, c’était un humain !
Micha gronda, et Vert-de-gris aussi,
Joney jura, Georges furieux robin,
Sur le dos de Kaboss, hurlait maxi,
Tous prêts à combattre l’affreux vilain.
Â
Tout doux, fit l’homme, n’ayez pas de stress,
Et ce camp, fit Micha, de la patte,
Un centre pour animaux en détress’,
Répondit-il, mission délicate,
Pour les renvoyer chez eux en express,
Et j’en vois deux ici, qui m’épatent.
Â
Un rhino d’Ouganda, presque un bébé,
Et un gris poney de Somalie,
À leurs pays ont été dérobés,
Et y doivent refaire leur vie,
Micha fit : parfait ; c’est tout décidé,
Nous irons tous faire ce rallye.
Â
Et c’est ainsi qu’un petit temps plus tard,
Un jet-cargo emportait dans le soir,
La bande des amis, bourrés d’espoirs,
Vers l’Afrique, tel un band de rock-stars.
Un beau soir, Micha, Georges, Vert-de-gris,
Fanny le faon, Ninay la véloce,
Écoutaient Kaboss, raconter les bruits,
De la savane d’or aux rhinocéros,
Ils étaient tous sous le charme ravis,
De l’Afrique jusqu’au fond de leurs os.
Â
Puis, tous les cinq allèrent se coucher ;
Pour aller rêver dedans leurs couettes,
De ce continent noir et enchanté
Kaboss, s’en allait en bicyclette,
Georges se vit en bel Aigle argenté,
Ninay en pyjamas, très coquette.
Â
Vert-de-gris, rêva qu’elle possédait,
Des terres rouges jusqu’à l’horizon,
Où, sur un éléphant, un Ougandais,
Ell’ guidait sa troupe de lions tout ronds,
Et tout à fait tout-fous, qui scandaient,
Des chansons de marche sur le gazon.
Â
Un moment, ils s’envolèrent d’un coup,
Pour atterrir sur la lune d’Argent,
En douceur, en longueur et sans à -coup,
Mais là , ils tombèrent sur un agent,
Qui exigea leurs grilles d’Sudokou,
Un agent triste, pas très indulgent.
Â
C’est à ce moment qu’on la réveilla,
C’était Georges qui criait, excité,
C’est l’Afrique, c’est elle, elle est là !
Au hublot, ell’ vit, avec anxiété,
Une vision de plomb qui la figea,
Vit des pyramides, à volonté.
Â
Dans quel pays nos chers amis étaient-ils donc tombés ?
Quels compagnons, quelles régions allaient-ils connaître,
Quelles folles aventures allaient-ils voir flamber ?
À lire dans nos prochains numéros à paraître !
Quelques semaines après le grand départ,
Vers la belle Afrique de nos amis,
Le méchant marquis, un sacré pendard,
Gros trafiquant de marsupilamis®,
A été arrêté, mis au placard,
Pour très longtemps, na ! Et sans salami ! (i)
Â
(i) salami végétarien, comme d’hab’
(Refrain)
Une bande de copains,
Qui s’en va par les chemins,
De beaux soirs en beaux matins
Pour punir tous les coquins.
Â
Y’a Micha, le malin matou,
Et puis Vert-de-Gris, la souris,
Et puis tant d’autres de partout,
Tous ensemble, on chante, on rit,
C’est notre force, notre atout.
Â
Y’a Georges, à gorge rouge,
Et Kaboss, la rhinocéros,
Et Fanny le faon farouche,
Et Joney, le poney véloc’,
Tous en cœur, en chœur, se bougent.
Â
Ils se bougent pour redresser,
Les méchancetés des méchants,
Prendre l’parti des agressés,
Empêcher tous les malveillants,
De faire mal aux menacés.
Â
Ils se bougent pour ramener,
La belle humeur dans tous les cœurs,
Le rire à tous les tourmentés
La paix, le bonheur, en vainqueur,
Dans ce monde si malmené.
Â
Pour fair’ triompher le bonheur,
Pour fair’ s’éteindre le malheur,
Des enfants essuyer les pleurs,
À tous donner la bonne humeur
Et chanter le soleil des cœurs.
Â
(Refrain)
Une bande de copains,
Qui s’en va par les chemins,
De beaux soirs en beaux matins
Pour punir tous les coquins.
Au peintre breton Yann Lesacher,
avec toute ma gratitude pour tant de beauté.
Â
Ce matin, j’errais, foire du livre,
Flânant parmi les univers rêvés,
Et les mondes, sages ou bien ivres,
Mis en papiers et en textes gravés,
J’allais ainsi, bien heureux de vivre,
Le cœur en paix et les yeux aiguisés.
Â
Quand tout à coup, par-dessus un long plan,
De paysages de franches couleurs,
De puissantes bourrasques du Ponant,
Me sautèrent aux yeux, formidables heurts,
De mer, de rocs, de nues, de brisants,
Bretagne bondit sur ma grève-cœur.
Â
D’abord vint un chien, trottant sur l’estran,
D’horizons gris et bleus aux gargouilles,
Parsemés de rochers aux sables blancs,
De vieux cafés-livres qui se mouillent,
De pages qui tournent en coups de vent,
En rond’ de chalutiers qui farfouillent.
Â
Le doigt de saint Jean se mit à peindre,
Des tadornes, des mouett’, des courlis,
Qui rigolaient aux blagues du peintre,
Des plongeurs aussi, des pizaioli,
Et le terminus où s’en vont geindre,
Les chalutiers sans le moindre roulis.
Â
Et toujours plus loin, des rocs hérissés,
Éclatés d’ors, de brun et de rose,
Et l’océan fou aux sabres dressés,
Qui crache, hurle et point se repose,
Bat les môles gris que l’homm’ a jetés,
De lames livides qui m’ankylosent.
Â
Le souffle coupé, las, je m’arrête,
Je m’ébroue là comme un chien noyé,
Je n’irai pas plus loin dans ma quête ;
Car mes yeux lavés et délavés,
Dans cet horizon que rien n’arrête,
Yal-le-Breton, tu m’as fait voyager.
Â
Demain, je reprendrai, c’est mon dessein,
Un autre de tes livres-dessins,
À la gouache, au crayon ou au fusain.
(Un conte pour les petits enfants et les grands-parents)
Â
Vila était un chiot aux longues oreilles,
Qui habitait avec ses frères et ses sœurs,
Dans la ferme d’Auguste et de Mireille
Parmi poules, canards, cochons et chats chômeurs,
Vila était une chienne sans pareille,
Qui passait à l’écart de longs moments rêveurs.
Â
Elle rêvait en regardant des heures durant,
Tous les mouvements qui se passaient dans le ciel,
Tous ces êtres merveilleux et fort étonnants,
Qui sillonnaient les cieux, l’espace du soleil,
Les oiseaux, abeilles, mouches, tiqu’ et taons,
Et nuages, étoiles, et tant de merveill’ !
Â
Elle était charmée par toutes ces choses,
Qui volaient, virevoltaient, par devant ses yeux,
Qui s’ébattaient dans l’air, les arbres, les roses,
Qui s’élançaient au soleil et filaient aux cieux,
Replongeaient en piqué, en prenant des poses,
Faisant des figures, des loopings audacieux.
Â
Elle aurait bien voulu aller les rattraper,
Pour s’envoler, projet fort peu sage,
Filer avec les oiseaux, ainsi s’échapper,
Flotter dans le ciel, au milieu des nuages,
Parfois lents et dignes, parfois fous, saccadés,
Dessinant dans le ciel, formes et mirages.
Â
Une aprem d’été alors que Vila rêvait,
Un bruit de tondeuse, la réveilla d’un coup,
Une ombre se leva, les bêtes vagissaient,
Une aile blanch’ parut, s’éleva sans à -coup,
Ell’ bondit après cet oiseau qui l’excitait,
Battant des oreilles et étirant le cou.
Â
Vila parvint d’un bond à happer en gueule,
Un bout de l’engin qui l’emporta d’la sorte,
Dans les airs glacés qui glaçaient l’épagneule ;
Elle allait lâcher prise quand le pilote,
Aperçut, là , Vila, et entre des meules,
Atterrit en douceur libérant la roussotte.
Â
Fred le pilote adopta la chien’ Vila,
Lui fit faire en cuir, un casque de pilote,
Et puis fit d’elle son joyeux copilote.
Et c’est de la sorte qu’enfin Vila vola.
(Une légende des temps très anciens.)
Â
Quand s’insinuent les heures grises,
Incertaines, de la chute du jour,
Et qu’aux bois, par vagues et traîtrises,
Les ombres y reprennent les séjours,
De Dame nuit, perdue et reprise,
Chiennes et loups se pourchassent à cour.
Â
Les premières, droites et campées,
Dans la gloire des heures du soleil,
Dansent la vie qu’elles ont chantée,
En la fixant d’un regard de vermeil,
Elles savent la chanson exaltée,
Du vivant, des êtres, de leurs pareils.
Â
Les deuxièmes, l’échine ondoyante,
Créatures des heures de la nuit,
À l’allure altière, provoquante,
Regard or et jais, qui luit et reluit,
À la voix rauque et stridulante,
De la chasse qui harcèle et poursuit.
Â
Campées aux champs ou sortant des bois,
Les chiennes et les loups se font face,
En ces heures de mises aux abois,
Les deux s’affrontent et se menacent,
Se défient, se bravent et s’aboient,
Appels qui se heurtent, se fracassent.
Â
Le loup s’avance, mouvement tournant,
Voulant surprendre la chienne à rebours,
Museau à ras du sol, flairant, humant,
L’odeur femelle dans les labours,
Et son ennemie, la désirant,
L’âme en feu, fonce à bours et à rebours.
Â
La chienne avisée, sachant le loup,
Sachant sa puissance, ses volontés,
Sachant ses cruautés, ses fatals coups,
Sachant son échine, ses crocs dentés,
Sachant son adress’, sa rus’ de marlou,
Ne quitte pas de l’œil le loup redouté.
Â
Alors loup s’élance, chienne esquive,
Taureau entêté, il charge à nouveau,
Elle pare le coup, et défensive,
Montre les crocs et bloque ses assauts,
Étonné de sa rébellion si vive,
Il tourne autour d’elle sans nul repos.
Â
Concentriques, ils tournent et se suivent,
Dangereux et hypnotique tableau,
Prise par le jeu, devient lascive,
Et danse en transe de sensuels saxos,
Loup dans une étreinte décisive,
Se mêle à ell’ dans un furieux halo.
Â
De cette étreinte de feu, de fou,
À l’heure d’entre chien et loup,
Vint le premier bébé chien-loup,
Des amours entre chiennes et loups.
Depuis c’matin, y a des hormon’ dans l’air,
Y a des hormon’ en folie dans l’vent,
Dans les nuages, les vers et les mers,
Dans les arbres, les bêtes et les gens.
Y a des hormon’ qui les rendent gagas
Qui leur font faire des stupidités,
Bons bonds de puces et bonds d’alpagas,
Bonds de dingos et bonds de Maïtés.
Â
(Refrain)
Hormones, mones, mones,
Partout y a des hormones,
Aux anges et aux démones,
Aux chatt’ et aux bufflonnes,
Partout y a des hormones,
Mones, mones et mones.
Â
Les rhinos se sent’ pousser des ailes,
Les guépards en retard se marrent,
Les paresseux très pieux font du zèle,
Les éléphants blancs font les zigomars,
Les crocos accros s’accrochent,
Les poulpes souples font du karaté,
Les requins noirs vont au cinoche,
Les homards gais sautent dans le saké.
Â
(Refrain)
Hormones, mones, mones,
Partout y a des hormones
Aux anges et aux démones,
Aux chatt’ et aux bufflonnes
Partout y a des hormones
Mones, mones et mones.
Â
Les moustiques piquent en piqué,
Les canards rient des boas noirs,
Les balbuzards du bazar vont kicker,
Les pigeons roux coulent au mare hilar’,
Les mecs se prennent tous pour des lascars,
Pilotes de jets, jet-skis et jetsets,
Les filles folâtrent avec des fards,
Folles princesses, sottes starlettes.
Â
(Refrain)
Hormones, mones, mones,
Partout y a des hormones
Aux anges et aux démones,
Aux chatt’ et aux bufflonnes
Partout y a des hormones,
Mones, mones et mones.
Â
Arrivé ici, je vais m’arrêter,
Car je craindrais fort, je le concède,
À force et à charge, d’accréditer,
La thèse qu’mes hormones m’obsèdent.
Â
(Refrain final)
Hormones, mones, mones,
Partout y a des hormones,
Partout ell’ papillonnent,
Mones, mones et mones,
Partout y a des hormones,
Mones, mones et mones,
(Ad libitum)
Â
■Clin d’œil à Alain Souchon.
À Fathia et Simo, les patrons sympas de mon snack près la place Fontainas
Dans mon snack à midi,
Y’a la patronne et puis y a le patron,
Qui adorent le blues et puis le jazz
Et qui font pervibrer avec passion,
Miles et Muddy, et Bessie en extaz’.
Â
Dans mon snack à midi,
Y’a les gamins délurés à tout crin
Du collège du coin et qui rient,
Et jouent aux wargames dans leur petit coin,
En reluquant les filles qui brillent.
Â
Dans mon snack à midi,
Y’a les jeunes filles aux smartphones,
Qui surfent et mailent sur Internet,
Dans leur dialect’ de bigophone,
Jusqu’au bout du rêv’, tendres midinets.
Â
Dans mon snack à midi,
Y’a encore la p’tit’ dame et son chien,
Qui attend là depuis bien trop longtemps,
Celui qui passa la porte un matin,
Celui qui ne revint jamais pourtant.
Â
Dans mon snack à midi,
Y’a l’aviateur qui parle des avions,
De vols lointains, de Chinois, de Canaqu’,
De murs du son, de jets à réaction,
Mais n’a connu que missions sur le tarmac.
Â
Dans mon snack à midi,
Y’a les ouvriers, quatre bruns espagnols,
Qui jouent en jurant aux dominos,
Et qui les font claquer en farandol’,
Chemin sinueux pour esprits finauds.
Â
Dans mon snack à midi,
Y’a l’employé de l’administration,
Qui mâche son sandwich avec sérieux,
Comme il fait ses comptes, ses additions,
En rêvant d’autres lieux, sous d’autres cieux.
Â
Dans mon snack à midi,
Y’a le poète, un petit vieux pensif,
Qui fait les yeux doux à notre quartier,
Qui compte ses pieds en gestes furtifs
Sur les doigts de la main en aparté.
Â
Dans mon snack à midi,
Y’a toi et moi, les jeunes vieux amants,
Moi qui bois kawa, toi qui me souris,
Toi qui me lances un baiser que je prends,
Du bout des lèvres, ce fol colibri.
Â
Dans mon snack à midi,
Y’a bien le vrai monde, la vraie vie,
Celle des gens simples, tristes ou joyeux,
Celle des passions chagrin’ au ravies,
Et mon amour de tes yeux camaïeux.
Je sens battre,
Alors que j’apprends que tu me reviens,
Chevauchant ses rails qui nous relient,
Sur cette terre, passions de demains,
Au-delà des heures infinies,
Battre ton cœur pour moi.
Â
(Refrain)
Ton cœur fol qui bat, débat,
Qui conta, rebat, rabat,
Qui combat, s’abat, tomba,
Qui fonda, combla, s’ébat,
Ton cœur fol de nos émois.
Â
Je sens battre,
Alors que je te retrouve enfin,
Sur le quai mouillé de notre vieux tram,
Face aux vents battants chargés d’air marin,
Et la plage où l’océan se pavann’,
Battre ton cœur vers moi.
Â
Je sens battre,
Alors que nos pas lents s’en vont l’amble,
Dans la bulle du silence forcé,
Nos élans muselés qui en tremblent,
Sur nos mains nouées vont se briser,
Battre ton cœur de moi.
Â
Je sens battre,
Alors que je suis couché près de toi,
À l’heure où nos pensées s’affolent,
Et que nos corps sont toute notre loi,
Et notre ultime foi qui s’affole,
Battre ton cœur par moi.
Â
Je sens battre,
Alors que retentit le cri de ton cœur,
Dans ton âme qui se livre et fleurit,
Au creux de mes mains, toutes de ferveurs,
Je le reçois en moi qui s’épanouit,
Battre cœur en émoi.
Â
Je sens battre,
Alors que les corps se relèvent las,
Que la passion folle s’endort enfin,
Que ton sourire, ombre taffetas,
M’embaume et m’enivre comme un parfum,
Battre cœur en moi.
Â
Je sens battre,
Et quand tu rouvres tes yeux myosotis,
Que tu les plonges, flammes de femme,
Dans mon cœur en été, en solstice,
Qui renait et meurt, vit et se pâme,
Battre ton âme en moi.
L’oncle Steff était un très bel homme,
Un authentique Apollon à croquer,
Au visage plaisant à invoquer,
À la taille de statue en somme.
Â
Toutes les femmes de la famille,
En admiration devant Oncle Steff,
Vantaient ses traits si fins de bas-relief,
Ses lèvres, son front, son nez d’Achille.
Â
Et bien d’autres encore de ces dames,
Se pâmaient de plaisir en le voyant,
Les jeun‘ veuves s’en allaient soupirant,
Les donzelles cachaient mal leurs flammes.
Â
Lui, bien au courant de sa fortune,
Faquin, paradait, portant haut et beau,
Avec, au poing, le plus mignon des chiots,
Sublimant sa beauté peu commune.
Â
Mais ce fin masque, et cette beauté,
Cachait un serpent lové dans son cœur,
Qui s’éveilla un soir pour son malheur,
Et donna la mort, rare cruauté.
Â
Steff s’était effondré au souper,
La face dans le plat de purée,
Quand on l’en tira, tout empurée,
Ses traits y étaient fort bien imprimés.
Â
Tante décida, pour ne rien perdre,
Du cher disparu, du cher adoré,
De figer, bien sûr, le plat de purée’,
Qui gardait en creux ses traits superbes.
Â
Elle évoqua une congélation,
Une cuisson, une coloration,
La tante en débattit avec passion,
Ne pouvant prendre une décision.
Â
Mais dans un cri d’âme torturée,
La tante perdit l’esprit d’un seul coup,
Car le ch’tit chiot, se prenant pour un loup,
Avait dévoré tout’ la purée.
Quand j’étais clown, j’avais un nez rouge,
Une large bouche blanche qui rit,
De grands yeux blancs et noirs et qu’on bouge,
En les roulant avec des airs surpris.
J’avais un bonnet avec une fleur,
Un maillot rayé de blanc et de bleu,
Un short trop bouffant, un coussin siffleur,
Et une trompette en or, ventrebleu !
Â
Tous les dimanches, mon complice et moi,
Courrions les kermesses de village,
Sur les scènes, je sautais, vif chamois,
En soufflant dans ma trompet’ tapage.
Je poussais des cris, lançais des plaintes,
Faisais des sauts, et chantais, et riais,
Et les enfants, ces âmes sans haine,
Chantaient, et riaient, et applaudissaient.
Â
Mais le plus doux de ces jours du passé,
Furent les heures de maquillage,
Qu’une jeune fille devait tracer,
Comme traits de miel sur mon visage.
Elle était si mignonne et gracieuse,
Que nos subtils tête-à -tête charmants,
Prirent une allure délicieuse,
Et les dimanches un tour plus grisant.
Â
Jusqu’au jour où un vrai faux-mouvement,
La précipita contre mes lèvres,
Nous jetant, ivres, confus et tremblants
Dans un tourbillon d’amours en fièvre.
Les yeux dans les yeux, les divins moments,
D’un maquillage méticuleux,
De mains qui se cherchaient, frôlaient longtemps,
Complicités de nos jeux délicieux.
Â
Elle aimait surtout ma fleur au bonnet,
Car sa famille, mes jeux n’aimait point,
Et les trouvait just’ bons pour les benêts,
Voulant un standing choisi avec soin.
Et pour cette famille de sans-fleurs,
Je n’étais qu’un grotesque petit clown,
Elle épousa donc un cossu coiffeur,
Et moi, plus jamais, je n’ai fait le clown.
Un certain soir, dans un certain jardin,
Un certain moment, un certain séjour,
Alors que les réverbères gardiens,
Commençaient à s’éveiller de retour,
Un vieux guignol, pour l’enfant et un chien,
Donnait son dernier spectacle du jour.
Â
Des notes légères et véloces
Frappées au piano s’élevèrent,
Entre cour et jardin sans nul pathos,
Frappes subtiles qui enchantèrent,
Ces pauvres planches pour pauvres gosses,
Et ses halos de pauvres lumières.
Â
Une ballerine, au bout d’un fil,
Sauta vaporeuse sur la scène,
Fit un entrechat, et suivant le fil,
De cette musique magicienne,
Virevolta de petits pas habil’,
Puis salua de son port de reine.
Â
La musique lors, se fit plus lente,
La mesure se fit plus austère,
Une figure bien étonnante,
Monstrueuse mais restant très fière
Parut côté cour, fort surprenante,
Dans sa laideur, grande mais altière.
Â
Une tête énorme, sans aucun tronc,
Des pieds démesurés mais dénudés,
Hérissés de poils, progressant pas bonds,
Des bésicles de fer au bout du nez,
Un chapeau-melon couronnant son front,
Un regard pourtant très déterminé.
Â
S’avançant sur scène, il prit la main,
De la délicieuse ballerine,
Et l’entraîna, lui, très vilain nain,
Dans une gracieuse pantomime,
De tendresse et d’amour arachnéens,
Miracle de beauté opaline.
Â
L’éclairage, tout-à -coup s’éteignit,
La musique, tout-Ã -coup, retomba,
L’enfant se leva, le chien repartit,
Le froid silence se réinstalla,
Dans la coulisse, le très vilain nain,
De la ballerine baisait les mains.
Rodine au réveil.
Â
Sous le drap blanc, le nodule,
Étendu là , immobile,
Pris de frissons, se stimule,
Change de forme, mobile,
Dolent, se meut, se module,
Dans des courbes très nubiles.
Â
Un volume monte et descend,
Marmoréenne marée,
La chose s’étend, redescend,
Se dresse d’un coup, carrée,
Dans la pulsion d’un bref instant,
S’affaisse ailleurs, toute ombrée.
Â
Un visage saillit du drap,
Figure ivoire, de marbre,
Comme Grâce qui s’engendra,
Aux yeux de rêve, de nacre,
Puis émerge, le cou, un bras,
L’amorce d’un sein qui nargue.
Â
Le mouvement s’allonge encor’,
Se déploie et se découvre,
De plus en plus et de tous bords,
Des formes souples qui s’ouvrent
Pour offrir ce lactescent corps,
À la vi’, qui la débourre.
Â
Dans la lumière, apparait,
Toute en gloire, belle extase,
La beauté qui pour moi renait,
Et captif de mon extase,
Je m’y plais et m’y complais,
Dès lors qu’elle me le permet.
Â
De l’ombre émerge le sculpteur,
Rodine, fait-il tout en sueurs,
Un grand merci pour votre ardeur,
À demain, et à la même heur’.
Â
Je reste là , fou de bonheurs,
Devant ce souffle de ferveurs,
Devant ces marbres en chaleurs,
Devant Rodine et ces rondeurs.
Carrrmen, yè t’ai aimé hélasss,
Yè t’avais donnè tout mon cœurrr,
Yè chantè ta beautè, ta class,
Cè soir, yé chantè ma douleurrr,
Â
(Refrain sur un air de tango)
Aye-aye-aye-aye-aye !
Dans la pampa dè notre amourrrr,
Là où tous seul yè galopè,
Aye-aye-aye-aye-aye !
Dans cettè pampa pourrrr touyours,
Yé pleur’ comme ounè marmottè.
Â
À Veracruz, Carmencita,
Tou avais chanté Paloma,
Yè pleurè, què felicitad,
Bellè commè la Pacha Mama.
Â
( – Hombrè ! Y a pas dè pampas à Veracruz !
Et c’est oun tango ! No e mexicano !
– Bèh ! Y que ?)
Â
(Refrain)
Aye-aye-aye-aye-aye !
Dans la pampa dè notre amourrrr,
Là où tous seul yè galopè,
Aye-aye-aye-aye-aye !
Dans cettè pampa pourrrr touyours,
Yé pleur’ comme ounè marmottè.
Â
À Chihuahua, mi corazon,
Un soir, yé t’avais vou dansè,
Ouna fantastica Danzon,
Qui mè mit, Madrè, en transè.
Â
(Refrain)
Aye-aye-aye-aye-aye !
Dans la pampa dè notre amourrrr,
Là où tous seul yè galopè,
Aye-aye-aye-aye-aye !
Dans cettè pampa pourrrr touyours,
Yé pleur’ comme ounè marmottè.
Â
À Chihuahua, mi querida,
Tou t’es toutè donné à moi,
Tou étais bellè, desnouda,
Yè yuré de n’aimer què toi.
Â
(Refrain en rap)
Aye-aye-aye-aye-aye !
Dans la pampa dè notre amourrrr,
Là où tous seul yè galopè,
Aye-aye-aye-aye-aye !
Dans cettè pampa pourrrr touyours,
Yé pleur’ comme ounè marmottè.
Â
À Mexico, ay què dolorrr,
Tou m’a abandonnè, hombre,
Pour ounè cabron, què horrorrr,
Ounè lanceur de concombrè.
Â
( – Hombre ! Què lanceur dè concombrè ?
– Bèh ! Por la rima ! Y què ?)
Â
(Refrain)
Aye-aye-aye-aye-aye !
Dans la pampa dè notre amourrrr,
Là où tous seul yè galopè,
Aye-aye-aye-aye-aye !
Dans cettè pampa pourrrr touyours,
Yé pleur’ comme ounè marmottè.
Â
( – Hombre, es todo ? C’est fini ?
– Si ! Olè ! )
Quand Hélène et Jul’ eurent décidé,
D’unir leurs vies et leurs spaghettis,
‘Lène voulut à tous prix habiter,
Chez son Jul’ chéri, joyeux et gentil.
Â
Pareil bonheur devait être fêté,
Avec faste, par un vrai spaghetti,
Par ses mains d’homme dûment préparé,
Tout son amour et ses soins avertis.
Â
Jul’ prépara donc très soigneusement,
Les tomates, l’ail et les oignons blonds,
Le persil, le basilic, l’origan,
L’eau, l’huile, les pâtes, le caquelon.
Â
Puis il fit bouillir une eau salée,
Y jeta les pâtes en couronne,
Versa un filet d’huile étoilée,
Quand fusa un cri de ciel qui tonne.
Â
Qu’est-ce que tu fiches avec cette huile ?
C’était Hélène, aux yeux incrédul’,
Qui l’interpelait d’un’ voix hostile,
C’est pour qu’ell’ collent pas, répondit Jul’.
Â
Pas d’huile dans l’eau, c’est ridicule,
Après cuisson, un filet d’eau froide,
Ça les décoll’ quand on les bascule,
De l’huile, fit Jul’, d’un ton maussade.
Â
Un long filet d’eau, lâcha Hélène.
Un long filet d’huile, répondit Jul’.
Un long filet d’eau, pesta Hélène.
Un long filet d’huile, rétorqua Jul’.
Â
Hélène tira sur le caquelon,
Jul’ résista, gardant le caquelon.
Comm’ chacun tirait sur le caquelon,
Lâchèrent les anses du caquelon.
Â
L’ustensile libre prit son envol,
Pour s’en aller vers le haut arroser,
Le plafond de Jul’ d’une farandol’
De spaghettis lasciv’ment étalés.
Â
Les deux combattants déséquilibrés
Chutèrent sur le sol, sans délice.
Après un instant, tous deux hérissés,
Furent pris d’un fou rire complice.
Â
Relevant d’une main sa belle Hélène,
Jul’ dit, eau ou huile, je m’en fous, je t’aime,
Viens, mon bel amour, pour diner, je t’emmène,
Manger des moules et des frit’ chez Eugène.
Â
(Moralité).
Il n’est pas besoin d’avoir raison,
Pour goûter amours et caquelons.
Do-ré-mi-fa-sol-la-si-do dièse,
V’là mon piano qui joue tout seul !
Do-si-la-sol-fa-mi-ré dièse,
Et, en plus, il se fout de ma gueul’ !
Â
Je m’précipite dans mon salon,
Personne en vue, ni au piano,
Jusqu’à la porte, je n’fais qu’un bond,
Personn’ derrière, pas rigolo !
Â
Do-ré-mi-fa-sol-la-si-do dièse,
Voilà le piano qui remet ça !
Fa-ré-la-do-sol-mi-si dièse,
Je m’élance, tombe sur le chat !
Â
Do-si-la-sol-fa-mi-ré dièse,
Je hurle, ell’ fait un bond en l’air,
La-la-la, ré-ré-ré, qu’elle biaise,
Et retombe, dans un bruit d’enfer !
Â
Nina saute illico du piano,
Et prend la fuit’ à toutes pattes.
Je cours derrière furaximo,
Sous le divan se carapate.
Â
Ell’ tente encor’ do-si-la dièse,
En voilà assez, satané fauve.
Je bondis, me casse la fraise,
Finis par l’avoir, la furi’ mauve !
Â
Ouf ! Je la tiens par la peau du cou,
Quand quelqu’un sonne à la porte.
Un type est là , crie comme un fou,
Comme méduse qui avorte !
Â
Fabuleux, c’est Rachmanina !
Pas du tout, c’est ma chatte Nina !
Quand Jeff le brocanteur mourut un soir,
On alla dénicher ses héritiers,
Trois fils qu’on retrouva, trois dérisoir’,
Trois pantins pâlots, tous trois carottiers,
Qui héritèrent, bonsoir de bonsoir,
D’une grande maison à trois paliers.
Â
Et ils chantèrent :
Dieu qu’il est donc bien amusant,
De faire un bel héritage !
Dieu qu’il est donc bien passionnant,
D’en faire vite le partage !
Â
Au rez-de-chaussée, ils trouvèrent,
Un tas d’chaises percées à trois pieds,
Des cadres vides, et tous de travers,
Des bicornes, des casques de pompiers,
Des meubles Louis XX, piqués des vers,
Des fourreaux sans sabres, un épicier.
Â
Et ils chantèrent :
Dieu qu’il est donc bien amusant,
De faire un bel héritage !
Dieu qu’il est donc bien passionnant,
D’en faire vite le partage !
Â
Puis au premier palier, ils trouvèrent,
Des cages à panthère sans cage,
Des oiseaux nus mangeant des fougères,
Des réveils fous et des femmes-sages,
Des cocus qui singeaient des trouvères,
Des singes qui zommaient des vieux sages.
Â
Et ils chantèrent :
Dieu qu’il est donc bien amusant,
De faire un bel héritage !
Dieu qu’il est donc bien passionnant,
D’en faire vite le partage !
Â
Au deuxième palier, ils trouvèrent
Des balais sans poils, des femm’ sans tête,
De chapeaux pourris, des yeux sans verres,
Tant et si mal que nos trois esthètes
Mirent le feu à cette misère,
Comptant sur une assuranc’ surfaite.
Â
Et ils chantèrent :
Dieu qu’il est donc bien amusant,
De faire un bel héritage !
Dieu qu’il est donc bien passionnant,
D’en faire vite le partage !
Â
Au dernier palier point ne trouvèrent
Parmi les trompes de chass’ courues,
Les poissons rouges et les p’tits homm’ verts,
Les billets de mill’ en piles drues,
De Jeff qui partirent, effet pervers,
En trombes par-dessus les rues.
Â
Et ils chantèrent :
Dieu qu’il est donc bien amusant,
De faire un bel héritage !
Dieu qu’il est donc bien passionnant,
D’en faire vite le partage !
(Bis)
Il était une fermette,
Où les moutons et les croupions,
Les vieilles et les jeunettes,
Sans fanfares et sans tromblons,
Vivaient en paix, bien follettes,
Par les cours et les plantations.
(Refrain possible)
Les moutons tondaient le gazon,
Tout ras, tout gras,
Les moutons aux poils en toison,
Tout rond, tout bon,
Les croupions piquaient les morpions,
Tout ras, tout gras,
Les croupions aux Å“ufs par leurs fions,
Tout rond, tout bon,
Était un Banco qui lorgnait,
La belle et pauvre fermière,
Voulait sa ferme, le mauvais,
Certain de sa bonne affaire,
Et sûr de son or, machinait,
De saisir son beau douaire.
Banco fit tant qu’il la ruina,
À bout de tout, elle vendit,
Par un vil contrat qu’ell’ signa,
Ses moutons et croupions perdit,
Les larmes de son corps versa,
Lors vécut dans un appentis.
Banco voulant toujours plus d’or,
Mis les moutons et les croupions,
En cage pour, jusqu’à leur mort,
Les tondre et pondre jusqu’au fion,
Restructurant cor’ et encor’,
Et austérisant les portions.
Les moutons tout nus faisaient mêêê !
Y a pas de mêêê qu’il leur disait !
Les croupions tout mous faisaient pwêêê !
Y a pas de pwêêê qu’il leur disait !
D’leurs douleurs il s’enrichissait,
Et leurs forces, il épuisait.
Une affreuse nuit d’orage,
Les pauvres bêtes en cages,
Par ce monstre mis en rage,
Brisant prisons et grillages,
Bravant tempête et nuages,
Firent payer ces outrages.
Ils remirent la femme à leur tête,
Et s’en allèrent de par le monde,
Voir les beautés d’la nature en fête,
Depuis, pour eux seuls, ils pondent et tondent.
(Moralité)
Méfie-toi bien des moutons et des croupions,
Si tu ne veux pas un jour prendre un bouillon.
Tu t’en es allée ce soir,
Emportant ton regard gris-bleu,
Et ton teint doré et soyeux
Et tes mèches d’argent et feu,
Et ton nez en trompett’ morbleu,
Et je reste mort dans le noir.
(Refrain)
Toi qui t’en es allée,
Y a un trou dans mon monde,
Y a un trou qui m’ débonde,
Y a un trou noir catacombe
Y a un trou noir de tombe,
Toi qui t’en es allée.
Tu t’en es allé’ ce jourd’hui,
Emportant tes joies et tes jeux,
Et tes cris et tes pleurs rageux
Et tes grands éclats tout joyeux,
Et tes blagues à qui mieux mieux,
Et je reste sourd dans la nuit.
Tu t’en es allée l’aprèm,
Emportant tes rires feulés,
Et tes sourires ciselés,
Et tes lèvres, mes régalés,
Er tes sentiments révélés
Et je reste gourd sans hymen.
Tu t’en es allée ce tantôt,
Emportant tes excitations,
Et tes yeux fermés de passion,
Et tes chocs d’électrocutions,
Et tes arias d’implosions,
Et je reste lourd lamento.
Tu t’en es allée ce soir,
Emportant ton regard gris-bleu,
Et tes grands éclats tout joyeux,
Et tes sourires fabuleux,
Et tes passions fusions morbleu,
Et je SUIS mort dans le noir.
Un téléphone sonne, que je ne peux plus entendre.
 
Comme quoi il faut toujours en user avec modération.
Qui cliquent et tiquent et
Télégramme.
Qui astique et plastique et
Monogramme.
Qui botanique et poétique et
Enflamme.
Qui lick et déclic et
Amalgame.
Qui niquent et triquent et
Oriflamme.
Qui priapique et re-trique et,
Patatram’.
Qui Colique et thoracique et
Cardiogramme.
Qui clinique et pathétique et,
Cardiodrame.
Qui rustique et fatidique et
Spectro-drame.
Qui éthique et prosaïque :
Hé, mollo avec les dames !
Et si je n’étais plus moi,
M’aimerais-tu encore ?
Si la vie me dévoi’,
Ou m’écarte loin de toi,
M’aimerais-tu encore,
Et si je n’étais plus moi.
Si je m’m’en allais de toi,
Et sans aucune larme,
Je suivais une autre femm’,
Je suivais une autre flamm’
M’aimerais-tu encore ?
Si je m’m’en allais de toi,
Si on m’arrachait de toi,
Si le destin fulgurant,
Me laissais d’un coup tranchant,
Entre les mains des soignants,,
M’aimerais-tu encore ?
Si on m’arrachait de toi,
Si je n’avais plus d’émoi,
Que mes élans se brisaient,
Que ma volonté s’usait
Sur un corps qui fléchissait
M’aimerais-tu encore ?
Si je n’avais plus d’émoi,
Si je m’oubliais de toi,
Dans l’énigme du cerveau,
Le mystère de l’égo,
La démence tout de go
M’aimerais-tu encore ?
Si je m’oubliais de toi,
Quand je partirai là -bas,
M’aimerais-tu encore ?
Pour mon dernier voyage,
Seul au bout de mon âge
M’aimerais-tu encore ?
Quand je partirai là -bas,
J’ouvre les yeux, toi tu dors,
Mon cœur tremble de mon sort,
Tu serr’ ma main, te rendort,
Dieu merci, tu m’aim’ encor’ !
Il était une fois Bambola,
Une jolie marionnette,
Fille de bois de Picolina,
La toute bell’, vive et proprette,
Ébéniste qui la façonna,
Et animait la mignonette.
Il était une fois Bambolo,
Un gentillet polichinelle,
Le pantin du sieur Picolino,
Le marionnettiste d’icelle,
Un joyeux guignol bien rigolo,
Nez rouge et culotte à bretelles.
Ils se croisèrent à la foire,
De la capitale des Alpins,
Où ils jouèrent, purent se voir,
Placés sur le même terre-plein,
Où Cupidon frappa en miroir,
Les deux humains et les deux pantins.
Mais ils n’osèrent se l’avouer,
Et partirent chacun d’leur côté,
Avec leurs secrets inavoués,
Sur les routes tristes sans beauté,
Par leurs seuls pantins accompagnés,
Sans aucun chéri à bécoter.
Bambola regrettait Bambolo,
Bambolo rêvait de Bambola,
Picolina de Picolino,
Picolino de Picolina,
Et ils pleuraient dans moult tremolos,
Leurs chers amours qui n’étaient pas là .
Mais un jour ils se retrouvèrent,
Dans un village de montagne,
Ils rirent et puis ils pleurèrent,
Puis poussé par la tramontane,
Dans leurs bras ouverts ils tombèrent,
Et firent sauter le champagne.
Et pour ne plus être déchirés,
Les deux artistes décidèrent,
De ne plus jamais se séparer,
De joindre pantins et carrières,
Et leurs vies et théâtres marier,
Dans leurs voyages de trouvères.
Et quand leurs premiers jumeaux vinrent au monde,
Voyant leurs marionnett’ tristes et stériles,
Picolino tailla deux gamin’ girondes,
Dans un bois doré, pour la joie fébrile,
Des Bambola et. Bambolo.
Quand nous nous sommes reconnus,
Nous avons compris illico,
Que cette rout’ serait nôtre,
Loin de tout zigue malvenu,
Notre vécu sans calicots,
Resterait secret sans faute.
Très vite, nous bâtîmes donc,
Un nid à l’abri du monde,
Un havre à vivre l’amour,
Des vacances de mer où onc,
Nous trouveraient les immondes,
Moments trop durs d’un sort trop lourd.
Dans ce bleu, nous avons plongé,
Et fendu les flots de nos sens,
Et bu les ondes des passions,
Et surfé les vagues dangers,
De toutes les explorations,
De toutes les attirances.
Mais les mauvais temps sont venus,
Les tempêtes, les tornades,
Les crises qui ont balayé,
Les heurs de nos cœurs mis à nu,
Et nos confiances en rade,
Et nos amours à les noyer.
Mais revinrent les beaux étés,
Les jolies brises de mer,
Les soleils brillants et joyeux,
Nos jeux et nos ris répétés,
Nos rêves et nos chimères,
Et ta peau et tes fruits soyeux.
Cejourd’hui, vingt ans sont passés,
Notre beau nid si fragile,
A subi bien des tempêtes,
Mais jamais ne s’est renversé,
Tes yeux gris-bleu, mon asile,
Sont ma retraite secrète.
Et mes éternelles « vacances à la mer ».
(Refrain possible)
Un abri pour l’amour,
Un asile en mer,
Un atoll de terre,
Un havre, une tour,
D’or, de bleu et de vert,
Notre Éden sous verre.
Très longtemps j’ai marché vers ma terre promise,
Et très longtemps j’ai serré,
Mes galoches pour demain,
Mes galoch’ en instance,
Vers d’autres jours colorés,
Vers d’autres jours opalins,
Vers d’autres existences
Et très longtemps j’ai manqué ma terre promise.
Très longtemps j’ai cheminé vers mon bleu horizon,
Et très longtemps j’ai erré,
De maigres succès chétifs,
De noir’ désespérances,
Vers des naufrages navrés,
Vers des rebonds réactifs,
Vers d’autres renaissances,
Très longtemps, j’ai aspiré à mon bleu horizon.
Très longtemps, j’ai chassé et pourchassé ma guérison,
Et très longtemps j’ai pleuré,
Mes débâcles amères
Mes blessures cruelles,
De fols amours enterrés,
Des années galères,
De nuits d’hivers sans elles,
Très longtemps, j’ai couru le risque d’une guérison.
Très longtemps, j’ai suivi les pas de mes déraisons,
Très longtemps, j’ai divagué,
Du fond de mes fantasmes,
Du fond de mes désespoirs,
Et suivi mes zigzagués,
Et suivi mes orgasmes,
Et suivi mes élans noirs,
Très longtemps, j’avais déraisonné mes déraisons,
Très longtemps, j’ai peuplé, repeuplé mes nuits d’horreurs,
Et très longtemps, j’ai hurlé,
Et les heures spectrales,
Et les heures faunesques,
Et les heures à culer,
Et les heures infernales,
Et les heures dantesques,
Très longtemps, j’ai horlé mes nuits d’horreurs,
Ce matin s’est dressé à l’horizon,
Comme l’arbre, vaste, fort et grave,
Ce matin est monté de l’horizon,
Comme un vent chantant plusieurs octaves,
Ce matin a jailli de l’horizon,
Comme une source giclant trop brave,
Pour calmer enfin ma soif d’horizon.
Calmer ma soif de toi, ma suave
Soif de Toi, toi, ma terre promise.
Il était deux amis, Ador et Tor,
Que les vilains nommaient Tor & Ador,
Mais c’étaient des méchants, des matamor’,
À nul taureau ne firent onc de tort.
(Refrain)
Très chers Tor & Ador,
Quand Andorre s’endort,
Coquent fort bien nos morts,
Hurrah Tor & Ador !
En fait ils étaient des amis en or,
Qui faisaient le mêm’ métier de rapport,
Honorable, mais qu’peu de gens ador’,
En vérité, ils étaient croquemorts.
Toujours ils avaient vécu bord à bord,
Dès l’enfance et leurs années juniors,
Ils avaient tout vécu de commun accord,
Tout appris, tout connu, en vrais cadors.
Et c’est ainsi que, de commun accord,
Ils s’installèrent pour croquer les morts,
Bien de chez eux, dans leur ville d’Andorr ‘,
Où banque sourit quand on s’y endort.
Comm’ c’étaient des gens biens sous tous rapports,
Ils firent lors des affaires en or,
Et sans qu’au grand jamais ils ne s’abhorr’,
Jusqu’au jour où vint l’Aliénor.
Et elle était si belle, coquin de sort,
Que les deux amis, sans aucun remord,
Se prenant tous deux pour elle d’Amor,
Se comportèrent plus qu’en Matamor’.
Un matin, sur le pré, au pied du fort,
Face à la chapelle Saint Féodord,
Dans un assaut, un mortel corps-Ã -corps,
Ils se fabriquèrent deux nouveaux morts.
Au cimetièr’ de la ville d’Andorr’,
On enfuit ensemble Ador et Tor,
Et sur la pierre, en caractères d’or,
On inscrivit, « ci-gît Tor & Ador ».
Depuis ce temps-là , les promeneurs de tous bords,
Présument que gît là un vrai toréador.
Qui es-tu donc, dis-moi, dis-moi,
Jeune fille au joli minois,
Qui es-tu donc, dis-moi, dis-moi,
Qui chante clair, la vie en toi ?
(Refrain)
Dis-moi, dis-moi, oui dis-les moi,
Encire et encor, dis-les-moi,
Ton rêve fou, ton cœur émoi,
Tous tes amours, oui dis-les-moi.
Où vas-tu donc, dis-moi, dis-moi,
Joli jupon sans quant-Ã -soi,
Où vas-tu donc, dis-moi, dis-moi,
Vas-tu au bal, mettre en émoi ?
Que fais-tu donc, dis-moi, dis-moi,
Trop bell’ enfant, trop bell’ de toi,
Que fais-tu donc, dis-moi, dis-moi,
Pas trop sage, comm’ je le vois ?
Que joues-tu, dis-moi, dis-moi,
Bich’ aux yeux d’or, amour au bois,
Que joues-tu, dis-moi, dis-moi,
Folle passion, de lui, de toi ?
Que pleures-tu, dis-moi, dis-moi,
Petite aux yeux d’eau et sang,
Que pleures-tu, dis-moi, dis-moi,
Ton bel amour te trahissant ?
Qu’as-tu donc fait, dis-moi, dit moï
À ton amant, sur son minois,
Qu1’as-tu donc fait, dis-moi, dis-moi
Quat’ goutt’ de sang, comme une croix !
De quoi ris-tu, dis-moi, dis-moi,
Bell’ qui chante, aux yeux rieurs,
De quoi ris-tu, dis-moi, dis-moi,
Du nez éclaté du dragueur ?
Où t’en vas-tu, dis-moi, dis-moi,
Jeune fille au joli minois,
Où t’en vas-tu, dis-moi, dis-moi,
Qui chante clair, la vie en toi ?
Dis-moi, dis-moi,
Et moi, et moi ?
Après l’amour, quand revient la raison,
Et alors que plus rien ne nous presse,
Après l’amour, quand s’endort la passion,
Vient pour nous le temps de la tendresse.
Ma joue sur ton corps chaud et tendre,
Qui tressaille encore par saccades,
Des vagues dont il est l’épicentre,
De ses ultim’ plaisirs qui cascadent.
J’entends ton cœur qui bat la folie,
De nos fols désirs et nos fols plaisirs,
De la passion, la cacophonie,
Qui tente à la fin de se ressaisir.
J’y pose les lèvres d’un vol très doux,
Un papillon aux ailes légères,
Patte de soi’ de l’assouvi jeun’ loup,
Et qui par ses touchers te révère.
Ma main effleure ta peau de soie,
Caresses douces et satinées,
Dextre féline, courbes de joie,
Ou du démon, d’ange mâtinées.
Je relève la tête, tes yeux clos,
Frémissent un peu, puis s’ouvrent enfin,
Sur ton regard Mer du nord et ses flots,
Ambre de feu et myosotis très fin.
Monte lors l’amour comme la vague,
Dans nos deux cœurs cristal qui pétillent,
Du bout des yeux encor un peu vagues,
Nous nous aimons sans nulle autre envie.
Après l’amour, quand revient la raison,
Et alors que plus rien ne nous presse,
Après l’amour, quand s’endort la passion,
Vient pour nous le temps de la tendresse.
Tu me dis : fais-moi un kawa, tu veux ?
(Quand t’es pas là .)
Il fait si froid,
Tu t’en es allée ce soir,
En emportant notre foyer,
Après toi est venu le noir,
Et ses complices dévoyés.
Il fait si froid
Â
(Refrain)
Si froid, si froid
Quand t’es pas là ,
Dormir, dormir,
Ô oui dormir,
Quand t’es pas là ,
Si froid, si froid
Il fait si noir,
Et la lumière t’a suivi,
En laissant un vide profond,
Ciel d’hiver et de crucifix,
Vide cimetière sans fond.
Il fait si noir.
Il fait si dur,
Sur ce matelas si vide,
Ces draps, humides cilices,
Qui m’arrachent impavides,
Les plaintes de mon supplice,
Il fait si dur.
Il fait silence,
Dans mon existence vide,
Où n’bat plus ton cœur diapason,
Où le mien sombre et livide
S’étouffe faute de ses son,
Il fait silence.
Il fait si froid,
Que je m’engourdis en douceur,
Mon cœur si noir, si lourd, si dur,
Paralysé dans la douleur,
Cherche le sommeil le plus pur
Il fait si froid.
(Quand tu m’reviens)
Il fait soleil,
Tu es revenue me voir,
Tu as rallumé le foyer,
Ton regard a chassé le noir,
Et ses comparses dévoyés.
Il fait soleil
Â
(Refrain)
Soleil, soleil,
Quand tu m’reviens ;
T’aimer, t’aimer,
Ô oui t’aimer,
Quand tu m’reviens,
Soleil, soleil,
Il fait si clair,
Tu as rallumé les couleurs,
Qui font un arc-en-ciel en moi,
Et tu as réanimé les fleurs,
Dans le jardin de mes émois.
Il fait si clair,
Il fait si léger.
Dans cet air doux et parfumé,
Diaphane et lumineux,
Qu’avec toi tu as emmené,
Si doux à mon cœur si frileux.
Il fait si léger.
Il fait si doux,
À s’allonger sur ce monde,
Sur cette terre complice,
Que nos ris de joie inondent,
Dans les chants de nos délices,
Il fait si doux.
Il fait chants,
Dans nos âmes symphonies,
Les fibres des cœurs diapasons,
Vibrent, musique infinie,
Cantate où nous nous épousons,
Il fait chants,
Il fait soleil,
Il entre à flots en mon âme,
Quand ton regard y pénètre,
Qui s’épanouit et se pâme,
Et t’aime de ton son être
Il fait soleil !
Frères hamburgers qui après nous vivez…
Je suis un très chouette petit steak,
Végétarien, formé de soja,
15% de protéines,
Quelques % de margarine,
Bien moins que la loi ne l’exigea,
Nickel pour remplacer les biftecks.
J’avais donc l’ambition, fermement,
De devenir un grand bienfaiteur,
De notre si belle planète,
De tout le vivant, gens et bêtes,
Empêchant, étant leur protecteur,
Leurs massacres et désagréments.
Très content de moi, je paradais,
Je m’exhibais, me faisais bien voir,
De face, de dos, sur la tranche,
Toujours sexy, toujours bell’ tronche,
Les gens désiraient fort nous avoir,
Et que sans fin ils en r’demandaient.
Dans le but d’améliorer mon « look »,
J’ai décidé de bien m’entourer,
D’abord, deux compagnes bien rondes,
Pour tracer ma taille gironde,
Puis des sauces aux tons saturés,
Choses fabuleuses pour mon « book ».
Et voilà qu’on m’installa enfin,
Bien à la vue, bien présenté,
Sous les spots, j’fais rouler mes sojas,
Ils me matent et je sens déjà ,
Qu’ils s’excitent et vont déjanter,
Suis heureux d’être loin de leurs mains.
Mais voilà que je sens la prise,
D’une pogne dure et cruelle,
Qui me jette dans une boîte,
De peur, ma langue reste coite,
Cette action bien sûr sexuelle,
M’fait frémir, cruelle surprise.
Enfin ma prison s’ouvre à nouveau,
On me saisit sans ménagement,
Horreur, des dents, martyre et tourments !
Je disparais dans ce noir fourneau.
On entendit lors un funeste revenant :
Je le jure, je m’vengerai cruellement,
Car je suis rempli de germes très malveillants,
Mon « hamburger-napping » sera votre tourment !
Pardon, Maestro Fellini, mais j’ai un faible pour votre épouse.
La revanche des Guillettas, Cabirias et autres Gelsominas.
La jolie petite pomme,
Pleurait doucement du fond du cœur
Guilletta, la ch’tite pauvrette,
Vidait le trop-plein de son malheur,
De cette vie qui l’assomme.
Elle servait d’aide à son maître,
Le bateleur de foire très fort,
Qui n’était pas une mauviette,
Et tordait avec des « hans » d’efforts,
Deux chaînes de forts diamètres.
À ces deux, avait donné un nom,
Les Gelsominas et Cabirias,
Deux costaudes tell’ment parfaites,
Qu’elles résistaient à la noria,
Des très mauvais tours de ce démon.
Tous les quatre s’en allaient ainsi,
De place en place ; elles, trimaient,
Et lui, récoltait les piécettes,
Que les gens leur jetaient en riant,
Pour leurs tours de forc’ très réussis
Hélas, une fois le tour fini,
Le rustre brutal les rejetait,
Les chaînes et la pov’ fillette,
Dans un recoin où elles restaient,
Seules et sans soins dans son fournil.
Il allait boire les gains du jour,
Dans de mal famés estaminets,
Où il gaspillait la recette,
En jeux, boissons et jolis minets,
Puis rentrait les battre comm’ toujours.
Une nuit noir’, les malheureuses,
Décidèrent de faire alliance,
Et mirent au point d’une traite,
Un scénario sans défaillance,
Pour l’abattre, cible honteuse.
C’est ainsi que quand enfin il rentra,
Ce soir maudit, elles l’attendaient,
Lui tombèrent sur la binette,
Choppèrent celui qui les vendait,
Et qui plus jamais n’les frappera.
Puis, à la chaîne, en chantant et dans la gioia,
Nos Guillettas, Cabirias et Gelsominas,
S’en allèrent à Rome fair’ du cinéma,
Où elles gagnèrent des sous et des chinchillas.
À Raymond Queneau, cher maître, modestement.
(Texte impromptu tumultueux et tue-l’amour)
Quand je te vis, je me tus,
Avec tes yeux qui tuent,
Tes cheveux et ton tutu,
J’en restai hurluberlu,
Tout moulu, moldu, foutu.
(Refrain)
Ce qui est tu, me tue,
Trompe mon cœur abattu,
Me laisse seul et perdu
Ce qui est tu, me tue,
Trompe mon cœur abattu.
Je pris feu comme un fétu,
J’osais pas te dire tu,
Trop nunuche, trop obtus,
T’offris mon cœur dévêtu,
C’est là que tu me dis, tu.
J’ai cru dur en la vertu,
De tes jolis attributs,
Ta beauté de statue,
Mon esprit de tortue,
N’a pas vu ou pas voulu.
Mais tu t’es dévêtue,
Et à d’autres vendue,
À de virils substituts,
Et quand tu m’fus rendue,
Tu ris de mon air battu,
Ce que tu m’fis, tu ne tus,
Ce que tu me fis, me tue,
Mais je t’adore, vois-tu,
C’est pour quoi tu m’tues
Et pour ça que j’les tue.
Et voilà , turlututu !
Merci, monsieur Vernon-Vian, pour l’idée.
Dans mon smart-lit, je smarte,
Dans ma couette trop trendy
Et mon pyjama griffé,
Trop d’la balle, suis kiffé,
La domotique me dit,
Up and storm dans ton appart !
(Refrain)
Ch’suis smart, so smart,
Et top trop smart,
Et techno smart,
Et tchatte et smart,
Et scratch et smart,
Ch’suis smart, so smart !
Un p’tit dèj’ de fusion-food,
Hot dog de terre tikka,
Thé de poil de gnou à l’ail,
Ça m’fait pèter au travail,
Pas grave, c’est smart-tica,
Avec un joint, je m’reboot.
Ma smart-watch 2.0,
Donne heure et météo,
Les scores de tous les matchs,
De baseball, la super tchatch’,
Pas aux « States », c’est trop bateau,
Aux Indes, c’est des héros !
Au smart-boulot, me creuse,
Sans cesse et pas débile,
Pour fair’ le buzz à la boss,
Mais qui pique, caraboss’,
Mes smart-mails, trop facile,
Pour les siens, trop l’affreuse.
Mais sur ma smart-tablette,
Grace à mes smart applis,
Je traffiqu’ ses smart-photos,
Fout à poil ses moch’ totos,
Comm’ l’adresse est au Mali,
Peut pas m’checker la bête !
Puis je rentre en smart-caisse,
Au smart-appart, smart-trêve,
Avec le smart-mur-télé,
Vois la smart-réalités,
Et je fais des smart-rêves,
Où courent des smart-fesses.
Mais, horreur, c’est un cauch’mard,
Je suis plus smart, mais taulard,
Les matons sont des mastards,
Sont tous moches et ringards,
Vont me tringler ces fêtards,
Suis tombé au smart-placard !
Glossaire.
Smart = malin, distingué.
Trendy = tendance.
Domotique = informatique appliquée aux services domestiques.
Tikka = aliment cuit dans la cuisine indienne.
Tica = dérangement mental qui pousse à choisir des aliments qui n’offrent aucun élément nutritif : terre, papier, …
Je suis King Kong, primat’ noir,
Dans les jungles trop noires,
Et leurs marigots miroirs,
Je suis King Kong, primat’ noir,
(Refrain)
Je suis le King Kong,
Suis le King des Kongs
Car Kong est le King,
Et Kong est le Kong,
Et King est le King,
Et King est le Kong,
Suis le Kong des Kings,
Je suis le King Kong.
Je suis King Kong, car le King,
De vos démons qui hurlent,
De vos shockings, vos fuckings,
Qui vous chassent et buglent.
Je suis King Kong, car le Kong,
Des vers furieux qui beuglent,
Qui cognent, ding et puis dong,
Des Kings qui vous tamponnent.
Je suis King Kong, l’King et l’Kong,
King forcené en transes,
Kong junkie qui bat les gongs,
Dervich’ qui volte et danse.
Suis King Kong, le pourrissoir,
Empeste jusqu’au spasme,
Dans ma folie mouroir,
Mes relents et mes miasmes.
Je suis King Kong taureau fou,
Qu’mes désirs asservissent,
Copulent zoos et dieux-loups,
Jouissent, biss’ et trissent.
Je suis King Kong, primat’ noir,
Je suis dressé, z’allez voir,
Mes semens et mes semoirs.
Vous feront vos enfants noirs !
La nuit est noir’ de lumière,
Le ciel est noir de lumière,
Mon coeur est noir de lumière,
Râ réveille la lumière,
Le jour repeint la lumière,
Je m’éveill’ dans la lumière,
J’avance dans la lumière,
Je respir’ dans la lumière,
Je me lèv’ dans la lumière
Je m’offre à la lumière,
Yeux ouverts dans la lumière,
Visage dans la lumière,
Ma main tend dans la lumière,
Ma main jou’ dans la lumière,
Ma main caress’ la lumière
Ma main parcourt la lumière,
Ma main court sur la lumière,
Ma main jouit la lumière.
Les fleurs vont vers la lumière
Les fleurs vont boir’ la lumière,
Les fleurs vivent la lumière,
Le chat va vers la lumière,
Ses yeux flambent la lumière,
Ses pattes griff’ la lumière,
L’oiseau bat dans la lumière,
L’oiseau vol’ dans la lumière,
L’oiseau vole la lumière.
Le ciel changeant est lumière,
Les planètes sont lumières,
Les étoiles sont lumières,
Tout l’univers est lumière,
Toute la vie est lumière,
La vie n’est que lumière.
Dans mes yeux tu es lumière,
Mon cœur, tu es ma lumière,
En toi est toute lumière.
C’était dans la cité millénaire,
Habitée par un antiq’ dragon,
Un mayeur dans un jardin solaire,
Un car d’or, et un bourdonnant bourdon.
Dans les heures douces de l’automne,
Par ces vieilles ruelles de travers,
Sur ces pavés moussus qui moutonnent,
Nos cœurs et nos pas allaient de concert.
Ils nous emmenèrent dans ce jardin,
Dérobé aux regards, loin des foules,
Éden de rimailleurs, et de rapins,
D’amoureux et d’oiseaux qui roucoulent
Nous allâmes nous asseoir sur un banc
Avec ton sourire, si velouté,
C’est là , petite pomme rouge ardent,
Que tu recueillis mon baiser léger.
Y a longtemps que nos pas petite pomm’
S’en sont allés bien loin de ce jardin,
Mais de ces heures-là , jolie pomm’,
Aujourd’hui encor’, je n’oublie rien.
Le taxi s’en va dans le soir,
Ta silhouette indistincte,
Et ta main qui me dit bonsoir,
Scellent nos vies distinctes
.
Et ma main caresse
Ta distance.
Je rentre chez moi, le soir gris,
L’appart( vide sans ton chahut,,
Est parsemé de ces débris,
De ta présence qui n’est plus.
Et puis ma main caresse
Ton absence.
Sur la table d’la cuisine,
Une tasse de café noir,
Une écharpe de soie fine,
Pour titiller ma mémoire,
Et ma main caresse
Ta carence..
J’entends comme un écho lointain,
Des éclats voilés de ta voix,
Et de tes rires enfantins,
Et de notre première fois.
Et ma main caresse,
Ton silence.
Je revois ta silhouette,
Blanc voilier dans mon espace,
Qui ondule et pirouette,
Et tes doigts sur moi leur trace.
Et ma main caresse,
Ton insolence’.
Je sens encor sur mes lèvres,
Le goût des baisers-papillons,
Que tu posas sur ma fièvre,
Et mon cœur en ébullition.
Et ma main caresse,
L’abstinence.
Sur l’écran blafard, un e-mail :
« Pas si mal, mais peut mieux faire,
Pas l’amour, mais la gamelle,
Al dente, Je les préfère ».
Et ma main caresse,
Ma patience.
C’était lors de l’été de mes dix ans,
J’étais parti en vacances scoutes,
Avec ma meute de loups rigolant,
Vers les aventures, en avant toutes.
Dans une prairie en pente douce,
Nous plantâmes nos tentes et notre mat,
Faisant flotter, par-dessus la brousse,
Le drapeau de notre faux pays plat.
Nos jeux de piste tracèrent sans fin,
Leurs signes secrets sur les beaux sentiers,
Qui courraient dans les bois et les ravins,
Nous galopions dans la gloir’ de l’été.
Un après-midi, belle surprise,
Une bande de gosses du hameau,
Se joint à nous, fillettes comprises,
Ce fut, certes, un fabuleux cadeau.
Le jour suivant, pendant une marche,
Longue et pénible, je sentis, surpris,
Ta petite main fraîche, démarche,
Vive, qui de la mienne se saisit.
Je te regardai qui me souriait,
Un premier regard, un premier rire,
Nous étions tous les deux étonnés, mais,
Aucun ne lâcha, goûtant ce plaisir.
Alors, au grand étonnement de tous,
Nous passâmes toute une quinzaine,
À nous tenir par la main pendant tous,
Les instants ravis de cette aubaine.
Quand vint le dernier jour de ce grand camp,
Nous retînmes longtemps nos mains, nos yeux,
Mais tu n’as pas quitté mon coeur pourtant,
Car tu m’offris un été radieux.
Petite fille de l’été, en moi,
Toujours ton joli sourire vivra,
Souvenir de mon tout premier émoi,
Émoi qui ne s’en ira qu’avec moi.
Sur le corps de l’arbre d’amour,
Un bourgeon charnu se dressa,
Fendit l’écorce de velours,
Poussa sa tête qui perça,
Pour se dévoiler au grand jour.
Sous les feux d’or de son soleil,
Il s’étira, pris de l’ampleur,
Vibra sous le souffle vermeil,
D’une canicul’ de langueur,
Tous ses sens fiévreux en éveil.
Déployant, geste rituel,
Ses doux pétales de velours,
Roses, rouges en perpétuels,
Virant au pourpre dans le four,
Des fols instincts trop sensuels.
Je tiens la fleur entre mes doigts,
Gobe ses parfums entêtants,
Pose les lèvres sur sa soi(e),
Dans un baisement haletant,
Hume sa clochette et la bois.
Je sens lors dans sa corolle,
Des pulsions, des frémissements,
Pollens féconds qui s’envolent
Petits pistils impatients,
Étamines qui convolent.
Alors, le monde se couvre,
Des éruptions de semences,
Des calices qui s’entrouvrent,
Ces spores, semens, laitances,
De la Fleur d’Amour qui s’ouvre.
Et toi, et moi, sans rémission,
Nous sombrons et nous savourons,
Cette fleur de folle passion.
Dans mes tendres années collège,
Lors d’une dissertation de français,
Je remarquai un joli manège,
Deux yeux qui brillaient et me souriaient.
À la récré, je les lui ai rendus,
Et ses sourires et ses jolis yeux
Dans la cour des filles, lieux défendu,
Avec les sanctions de nos pions envieux.
Après la fin des cours, je l’attendis,
Avec un sourire hyper classe,
Et pour le lendemain après-midi,
L’invitai à partager ma glace.
L’heure prévue, on se retrouva,
Chez le glacier, dans le patio sans bruits,
Où plein de candeur, elle m’avoua,
Aimer la fraise pour sa glace aux fruits.
Dès lors que je voulus l’impressionner,
Je commandais une coupe aux fraises,
Mais fort démuni, bien que passionné,
Deux cuillères mandais sans malaise.
Nous passions là , le temps à deviser,
En riant le nez dans notre glace,
Elle remerciait d’un léger baiser,
Se moquant de mon trouble bêtasse.
Ell’ me laissait, la glace finie,
La reconduire puis m’abandonnait,
Ses lèvres, saveur indéfinie,
Fraise et fièvre, qui me tourbillonnait.
Le printemps et puis l’année s’enfuit,
De mercredis en mercredis glacés
De coupes en coupes au goût de fruits
De baisers en baisers très agacés.
L’été des vacances nous éloigna,
À la rentrée, la jolie brune,
Ne revint point, jamais ne regagna,
Le glacier d’mes amours de fortune.
Depuis ces jours, tant de temps sont passés,
J’ai revu l’école de mes amours,
Et revu le glacier de mon passé,
J’y suis entré pour en faire le tour.
Au patio, une fille et un garçon,
Dans les rires partageaient sans façon,
Les yeux dans les yeux, bonheur balèze,
Une coupe glacée à la fraise.
À« Champagne » de Jacques Higelin ; Mais étant Belch’ j’ai servi une bière !
À cause d’un pari stupide,
Me voici dans ce cimetière,
À passer une nuit morbide,
Au milieu de toutes ces bières,
Que faire de ses heures pas speeds,
À part réciter mes prières ?
Je pouffe et ça fait un drôl’ de bruit,
Qui retentit dans les allées,
S’enfonce et disparaît dans la nuit,
Fait une plainte un peu voilée,
Qui revient et à nouveau s’enfuit,
Chose folasse et emballée.
Promis, je descends les travées,
De la tranchée toute en hauteur,
Où les tombes sont empilées,
Au moins sur six rangs de profondeur,
Comm‘bouteilles accumulées,
Et étiquet’ aux noms des dormeurs.
L’air m’y semble très lourd et suintant,
La lune rousse est sombre et dure,
Un crissement doux un peu chuintant,
Nait, s’élève, dure et perdure,
S’enfle et monte, échos entêtants,
Et court dans c’couloir obscur !
La frousse me submerge d’un coup,
Trop atroce, car je vois venir,
Avec le plus monstrueux dégoût,
Des êtres d’cauch’mar à fair’ frémir,
Des zombis, des squelettes surtout,
Je pense que je vais m’évanouir.
Je râl’ de peur et tourne zinzin,
Car j’vois là mon heure dernière,
L’un d’eux avec sa voix de crincrin,
Me dit, en m’filant une bière,
Ce soir, c’est la fête des voisins,
Dans notre joli cimetière.
Depuis, tous les ans je vais faire la fête,
Au cimetière avec mes pot’ squelettes,
Où on boit et on dans’ sans s’casser la tête.
…
Têt’ de mort, l’éternell’ jeunette.