Arnaud Delcorte

Biographie

Arnaud Delcorte est professeur de physique aux universités de Louvain et St Louis à Bruxelles. Il a publié plusieurs recueils de poèmes, un roman et participé à de nombreuses revues parmi lesquelles Sources, Bleu d’encre (Belgique), Point-Barre (Île Maurice), Teste (France), IntranQu’îllités, Do Kre I S (Haïti) et quelques ouvrages collectifs, dont Poètes pour Haïti, (L’Harmattan, 2011), Dehors, recueil sans abri (Janus, 2016) et Rimbaud et moi (Editions du Pont de l’Europe, 2020).

Site web de l’auteur: http://perso.uclouvain.be/arnaud.delcorte/poetrypage.htm
Adresse : 187 Rue du Progrès, Boite 147 1030 Bruxelles
e-mail : arnaud.delcorte@uclouvain.be

Œuvres :
— Le goût de l’azur cru – Le chasseur abstrait éditeur, 2009
— Toi nu( e ) dans le linceul étoilé du monde – Le chasseur abstrait éditeur, 2010
— Écume noire – L’Harmattan, 2011
— Ogo – L’Harmattan, 2012
— Eden – L’Harmattan, 2013
— Méridiennes – M.E.O. Editions, 2015
— Ô – Editions Maelström, 2015
— Le piégeur de jours (roman) – Editions Ruptures, 2015
— Stroboscope suivi de Stries – L’Harmattan, 2016
— Quantum Jah – Editions des Vagues, 2017
— Aimants+Rémanences, Editions Unicité, 2019
— Tjukurrpa, Eranthis, 2019
— Trouble, Editions Unicité, 2021

Poésies

Il revient de loin le goût de tes lèvres
De la turquoise Caraïbe de la poussière de Port-au-Prince
Cavalier sans ordonnance capitaine à la déclive des vagues
De l’ombre de tes mains nait le sentiment de l’amour
 
De tes cuisses la traversée nue des nuits d’hiver
Interminables nuits qu’on ne souhaite pas rompre
Quand les membres récusent le givre
Et patientent les étoiles
 
Il revient de loin le goût de tes lèvres
Pourvu qu’il reste
Encore une saison.
 
AD – 24 juillet 2022, Sète.
 
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*
 
La nuit compte jusqu’à trois
Fantômes épars entre les tentes
Et bris de rire devenu glas
La nuit métamorphose
Une longue digestion
Des sons
Des sueurs
Du jour
Bras dessus seins dessous
Nos corps flottent à la Lune
Nos haleines humées
Peaux effleurées
Les djinns brièvement nous enlacent
Et puis s’en vont.
 
AD – 26 juillet 2022, Sète.
 
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*
 
À l’ombre de ta peau
Les échassiers s’abreuvent
Les perches les silures les poissons-couteaux
Les anguilles s’insinuent
À la barbe d’un vieux crocodile
Les cris des capucins des agrobates
Des gonoleks des combassous des soui-mangas
Croissent en cacophonie
Aux frondaisons les colobes les ascagnes les calaos
Négocient
La déclinaison du couchant
 
À l’ombre de ta peau un monde entier
La boule tourne sous ta paume
S’enroule sans trêve au grand incendie
Dans la chorégraphie du vide
 
Et moi
En chute libre
Soumis à la gravité de ton regard
Aux années-lumière de ton sourire.
 
AD – le 31 juillet 2022, Paris.

Sur la tranche du hasard
Laisser pencher le désir
Courber l’imagination
***
Une incertitude au lever des astres
Frisottis dans les feuillages
Un matou passe sa route
Aspire à l’ombre
***
Dominance pourpre sous les paupières
Je vaquais aux rêves ordinaires
Puis soudain un lever de chair
D’une radiance inédite
***
Playa del Ingles
Liberté égalité fraternité
Dans les draps mouvants d’un matin d’armistice
Tes doigts jouent sur mon cou rougissant
***
Essayer à l’aube indécise
De cerner le territoire de tes songes
Ne conserver
Qu’une goutte sous la langue
***
Peut-être aujourd’hui deviens-je l’homme
Que je n’attendais plus
Lorsque dans la frêle lumière des jalousies
Ton corps m’est octroyé sans partage
***
Virage lent sur la courbe des amarantes
Miroitement fluide du cuivre
Au nadir les peaux distillent leur suc
***
Mas Palomas
Quand fuient les grandes nuées
L’aride toucher de nos cuirs
Animaux cherchant refuge dans la nuit
***
L’offrande que tu me fais
Tant espérée tant ajournée
Je la couverai longtemps de mes songes
 
Sous l’autorité de ta paume
Une nichée de baisers prêts à l’envol
***
Curieux comme un enfant
Sanglé à ton corps
Séisme aux rythmes abyssins
 
Trop te regarder
Pour ne plus te voir
***
Ton pied fort se fait caressant
Allongement des secondes
À l’approche de nos Everests
***
Un repentir sur la glissière étoilée
Lèvres disjointes
De tes soupirs aucun ne lasse
Quand vient la délivrance
***
Des moments fragments diamants
Dissous dans l’huile des heures
Essorons l’instant
***
À l’enfance
À l’absence
La réponse incertaine
 
Indivision de la pensée en partage
Poitrail contre poitrail
 
Entre nos pieds je verse
L’eau du petit matin
Et réclame l’usufruit de tes espoirs
***
Laisse tes sandales au seuil
Entre dans la maison du cœur
Va-nu-pieds et mendiant
***
Ne serait-ce qu’une enfance à partager
Un instant de cristal
Un reflet
S’il est de toi
Qu’on m’y oublie

Pourquoi nier l’attraction des grands fjords
L’appel éculé du large qui dévoile les sourires carnassiers
Nous sommes enfants d’un rayon d’un battement
D’un son sur les tams-tams de l’air aux tympans
D’une onde rampant dans l’azur devenu marine
Marine à chaque retour de balancier le rythme
L’ivresse loin des alcools des cocaïnes transit de molécules
Dans notre souffle dans nos artères à chaque bon jour
Se relever et au premier soulèvement de paupières savoir
Pourquoi nier l’attraction des grands fjords

(in : Ogo, L’Harmattan, 2012)