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En septembre
Parmi la chaleur accablante Dont nous torréfia l’été, Voici se glisser, encor lente Et timide, à la vérité,
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Sur les eaux et parmi les feuilles, Jusque dans ta rue, ô Paris, La rue aride où tu t’endeuilles De tels parfums jamais taris,
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Pantin, Aubervilliers, prodige De la Chimie et de ses jeux, Voici venir la brise, dis-je, La brise aux sursauts courageux…
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La brise purificatrice Des langueurs morbides d’antan, La brise revendicatrice Qui dit à la peste : va-t’en !
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Et qui gourmande la paresse Du poëte et de l’ouvrier, Qui les encourage et les presse… » Vive la brise ! » il faut crier :
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» Vive la brise, enfin, d’automne Après tous ces simouns d’enfer, La bonne brise qui nous donne Ce sain premier frisson d’hiver ! «
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Paul Verlaine, Poèmes divers
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Ici la musique ancienne du merle retentit…
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« Hic turtur gemit, resonat hic turdus
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pangit hic priscus merulorum sonus… »
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in Carmina cantabrigiensia
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« Ici la tourterelle gémit, ici la grive babille
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ici la musique ancienne du merle retentit…»
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in Chansonnier de Cambridge
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Est-ce d’avoir écouté Michel Joiret ou d’avoir lu Alexandra Anasova-Shahrezaie qui me fit penser à la poésie goliardique, dont le Chansonnier de Cambridge, dont je vous livre un extrait -d’ailleurs peu représentatif- est une des illustrations ?
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Est-ce cette discussion sur Tijl Ulenspiegel (avec Joiret) ou le rappel de l’image d’Aloysious Parker (avec Anasova-Shahrezaie) qui m’a rendu à la figure du poète goliard ?
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Je ne sais ? Je sais seulement que j’aime la poésie ancienne et la musique du merle et de la tourterelle
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Et, Ici -qui, comme chacun sait, vaut toujours mieux que là-bas- au Grenier, nous vous offrons l’infini variété des chants aviens.
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Des poètes greniéristes à lire, des poètes greniéristes à écouter, des poètes méconnus à découvrir avec, ce mois-ci, ma lecture de l’immense poète nigérian Christopher Okigbo, des chroniques de lectures et… des poètes à voir et à entendre, voilà ce que nous vous proposons, Ici !
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À entendre, dis-je, comme la lecture-spectacle (tout public dès 8 ans) que Caroline Bouchoms nous donnera de son recueil « Cheveux-Rouge » paru aux éditions Le Coudrier en 2019 ; alors venez écouter le récit de la vie et des enseignements de Nina, résistante juive et prisonnière politique pendant la seconde guerre mondiale.
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Ce sera ce samedi 15 octobre à La Maison des écrivains à partir de 15h00.
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Et bien sûr en seconde partie ce sera scène ouverte, à vous, à tous…
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Alors à Samedi, si ça vous dit !
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Renée Wohl, Noirs secrets, nouvelles, chez l’auteure, 2022
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Des nouvelles prenant souvent pour cadre le temps ancien ou des contrées lointaines, mais dont beaucoup de thèmes peuvent être transposés à notre époque actuelle.
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Les femmes sont le point central du livre, à partir et autour desquelles se déploient les trois nouvelles.
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Neetje (« Neetje », la première nouvelle, et la plus longue, située au 13 è siècle), Mathilde (« Le secret de Harun ») et Leila (« Les noces de Leila »).
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Il est question de lourds secrets de famille, des violences faites aux femmes, de fratrie, de filiation et de maternité, de religion et aussi… du danger des sectes.
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Le livre m’est apparu comme un plaidoyer non seulement contre les violences en général, mais aussi contre les intolérances de toutes sortes.
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L’écriture est maîtrisée, les descriptions précises, vivantes et imagées, notamment toutes celles qui décrivent la vie au 13è siècle et au sein d’un béguinage. On sent que l’auteur s’est bien documentée et elle a su créer une véritable atmosphère.
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« En revenant du petit cimetière où l’on vient d’enterrer Neetje, Marco s’installe dans la chambre de la disparue ; L’hiver pointe son nez, les premiers flocons tourbillonnent dans un ciel lourd et bas. Le feu a été allumé dans l’âtre. Un fauteuil et une table ont été installés devant la cheminée. (…)Marco ouvre le coffret qu’il a déposé sur ses genoux. Parmi divers objets et images, il découvre plusieurs parchemins reliés par un fil de soie. Il commence à lire…(…)Bon Dieu, Neetje ! Pourquoi parler de toi comme si tu racontais une histoire ? L’histoire d’une étrangère… »
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La poésie est aussi présente, lorsque le lecteur découvre ce « journal/ces correspondances » laissées par Neetje à sa mort, où elle explique avoir traduit des poèmes de Hildegarde von Bingen. « Dame Maria me dit que je ne peux pas tout comprendre tout de suite, cela viendra avec le temps et l’étude. Les mots en poésie ont un autre sens »…
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Le ton des narrations suscite l’intérêt jusqu’au bout de chaque histoire, des intrigues non exemptes de surprises…
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Alexandra Anosova-Shahrezaie, La petite utopie anarchiste, Du Cygne, 2022, 59 p., 10,00€
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Est-il possible de parler de road poetry comme l’on parle de road movie ; voilà la question que je me suis posé à la lecture de l’excellente « petite utopie anarchiste » d’Alexandra Anosova-Shahrezaie.
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Et, si oui, de quoi s’agirait-il exactement ? Car enfin le rapport entre « le poète » et « le chemin » est quasiment consubstantiel depuis les rhapsodes grecs en passant par le troubadour et le baladin jusqu’à Walt Withman ou Jack Kerouac, pour ne parler que des aires culturelles qui nous sont communes, je veux dire dont notre rapport est de banalité.
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Ce n’est donc pas « le chemin » ou « la route », ni même « le parcours » qui permettrait de caractériser un tel style poétique ou alors il faudrait considérer que quasiment toute poésie serait, d’une manière ou d’une autre, road poetry.
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Et le français -celui de France et de Navarre ; je veux dire celui qui se croit « le français » - ne nous aide pas beaucoup avec son morne rendu de « film de route », pour le champ cinématographique.
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Jadis on m’a dit que nous avions possédé le Congo… -je demandai à mon interlocuteur : « comme on possède une femme ? » - … et que, de bonne race franque et de droite ligne mérovingienne,[1] nous possédions aussi, Ayiti et la Louisiane…. il nous reste le Québec – « il est certain qu’Il n’est pas une femme ! » dis-je à mon interlocuteur-.
« Vive le Québec libre » s’était écrié un célèbre galonné de Gaule et, moi, je vous écris que nos cousins d’Amérique, traduisent librement « road movie » par « film d’errance », voilà une piste intéressante, voici une « riche idée »[2] si l’on veut en revenir à la « road poetry ».
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La « poésie d’errance », voire peut-être plus précisément « d’itinérance » pourrait alors se caractériser par les traits distinctifs suivants : errance du parcours et/ou du héros/poète, picarisme,[3] imagisme qui est de photo et non d’imaginaire, un rapport marqué à la culture nord-américaine blanche de langue anglaise et itinéraire qui est, finalement, une errance construite et construite par le déploiement du poème.
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Voilà tout ce que j’ai trouvé de fécond dans l’écriture d’Alexandra Anassova-Shahrezaie.
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Ainsi écrit-elle : « je n’ai jamais eu de destination/ même quand j’étais au-dessus des nuages/ dans un avion qui allait à Vienne/ ou à Amsterdam/ je savais où j’allais/ mais était-ce pour autant ma destination/ rien n’est moins sûr/… »
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Le mot utopie signifie littéralement « sans lieu ; qui n’a pas d’endroit précis », un peu comme une poétesse luxembourgeoise, d’origine authentiquement Rus’,[4] qui parlerait anglais -parfois- et s’enticherait d’un perse ?
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Sans lieu donc et sans destination également, « si une destination est en quelque sorte/ un accomplissement/ alors j’ai toujours refusé d’accomplir/ quoi que ce soit/… ».
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Voilà le parcours qu’accomplit l’autrice et son double cinématographique « Balthasar », le roi-mage noir selon Bède le Vénérable (672/735) et l’iconographie occidentale établie depuis le seizième siècle, car l’on ne peut écrire à l’encre bleu, il faut écrire « noir sur blanc/résolument/… ».
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Cinq courts synopsis, intitulé « Court-métrage en noir et blanc » justement entrecoupe le récit poétique et mette en abyme cinématographique celui-ci comme dans une peinture où un peintre se peindrait peignant, etc…
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Mais le peintre peint quoi, au juste ?
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S’il faut être juste je vous dirais qu’il s’agit à proprement parler de la peinture d’une divagation -au sens étymologique « d’errance çà et là » - poétique où le poète nous trainerait, au travers le cheminement de sa pensée d’un café de « la salle vide/ d’un vieux cinéma » à la terrasse du « bistrot Parc Beaux-Arts Hôtel » ou du « Kaale Kaffi » de Luxembourg ; de Bruxelles à Vienne ou New-York, à la recherche d’un « dieu-sait-quoi » ; puisqu’elle est, par nature, anarchiste c’est-à-dire « sans principe-directeur »…enfin, pas tant que ça avec cette structure textuelle (hors synopsis cinématographique qui pour rappel sont au nombre de 5), on pourrait parler de « distribution » des textes : 7/2/11/3/4 et se termine, sans donc s’achever, sur cette invitation à tout recommencer : « C’est la fin. Mais vous pouvez recommencer », comme dans une boucle sans fin où vous referiez sans cesse la discussion entre Dante et Leonard Cohen, entre Kurt Cobain et les frères Grimm ou entre Mona Lisa et Jackson Pollock, en écoutant Dylan, Patty Smith ou Ella Fitzgerald.
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Alors vous goûterez le tendre doux-amer de la plume de la poétesse luxembourgeoise qui sait qu’il « faut appuyer/contre la tristesse/il faut appuyer… » et, qu’en ce monde, il faut savoir faire bonheur, vrai, « avec de la camelote » ...
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[1] Mérovée se serait installé à Tournai et c’est bien dans cette ville que l’on a retrouvé la sépulture et le trésor de son fils Childéric Ier (436/481), roi des francs et père de Clovis, petit gars sympathique de Gaule Belgique resté célèbre pour avoir montré qu’un crâne valait bien un vase…dû moins au marché de Soisson…de Soisson…
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[2] Benoît Poelvoorde in « C’est arrivé près de chez vous »
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[3] Le roman picaresque (de l’espagnol « picaro », « misérable » mais aussi « futé ») est un genre littéraire qui s’est développé en Espagne au 16èmesiècle ; récit autobiographique d’un héros miséreux et souvent malicieux vivant en marge de la société qui au travers de ses aventures permet de mettre en scène la vie quotidienne. Le rapport avec « Permanent Vacation » film de Jim Jarmush qui constitue aussi le poème liminaire du recueil et le seul qui soit titré paraît ici particulièrement remarquable.
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[4] Car les vikings fondateurs de la Rus’ de Kiev emmené par Riourik se sont d’abord installés à Novgorod d’où est originaire l’autrice
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Dans cette nouvelle rubrique, « Le Grenier en Scène », vous pourrez retrouver chaque mois le résumé des séances de lectures mensuelles tenues par le GJT. Une occasion de découvrir nos poètes et chansonniers vous présentant leurs œuvres parce que si la poésie ça se lit, ça se dit et ça se chante aussi !
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Telle la pomme savoureuse, Rouge au bout même de la branche, Là-haut, sur la plus haute branche. Ah ! les cueilleurs l'ont oubliée. Non, ils ne l'ont pas oubliée, Ils n'ont pas pu y arriver.
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Monte la lune dans son plein, Les filles autour de l'autel...
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Ainsi jadis, d'un pied léger, Dansaient les filles de la Crète, Autour d'un autel bien-aimé. La musique animant la fête, Et du gazon elles foulaient Les fleurs à la douceur si fraîche.
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Les pois chiches dorés poussaient sur le rivage.
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Le sommeil aux yeux noirs est venu sur leurs yeux.
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Est devenu froid le coeur des colombes, Leurs ailes se sont repliées.
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Véronique Wautier, Ton nom maintenant, L’herbe qui tremble, septembre 2022, 90 p., 15,00€
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Vahé Godel, Les Chat suivi de Vous, Le Taillis Pré, septembre 2022, 132 p., 16,00€
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Thierry Froger, Deux romans & autres essais, Flammarion, 05.10.2022, 238 p., 19,00€
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Tennesse Williams, Dans l’hiver des villes (Traduction : Jacques Demarcq), Seghers, 13.10.2022, 256 p., 16,00€
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Serge Delaive, Lacunaires, Le Chat Polaire, septembre 2022, 97 p., 15,00€
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Pierre Vinclair, Bumboat, Le Castor Astral, septembre 2022, 88 p., 12,00€
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Philippe Lekeuche, L’épreuve, L’herbe qui tremble, septembre 2022, 94 p., 14,00€
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Philippe Colmant, Maison mère, Bleu d’encre, septembre 2022, 64 p., 12,00€
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Nouri al-Jarrah, Le Sourire du dormeur (Traduction : Antoine Jockey), Actes Sud, octobre 2022, 224 p., 22,50€
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Maud Joiret, Jerk, L’arbre de Diane, septembre 2022, 92 p., 12,00€
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Kev la Raj, 13ème Lune, Maelström, septembre 2022, 130 p., 10,00€
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J.M.G. Le Clézio, Le flot de la poésie continuera de couler, Gallimard, 13.10.2022, 216 p., 13,20€, NB : genre : essais
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Ludovic Villard, Il faut toujours se préparer à perdre, Le Castor Astral, octobre 2022, 156 p., 9,00€
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James Sacré, Une rencontre continuée, Le Castor Astral, octobre 2022, 200 p., 9,00€
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Kery James, Le poète noir, Actes Sud, octobre 2022, 96 p., 14,00€
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Julia Lepère, Par elle se blesse, Flammarion, 26.10.2022, 120 p., 17,00€
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Collectif, Haute tension, poésie française d’aujourd’hui, Le Castor Astral, septembre 2022, 145 p., 18,00€, NB : Anthologie
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Issa Makhlouf, Ce qui restera (Traduction : Abdellatif Laabi), Le Castor Astral, octobre 2022, 120 p., 14,00€
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Gilles Mentré, Jaune, L’herbe qui tremble, octobre 2022, 104 p., 14,00€
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Boris Crack, Multivers solitaire, Maelström, septembre 2022, 94 p., 9,00€
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Alexandre Bonnet-Terrile, Et l’origine s’y refuse, Le Castor Astral, octobre 2022, 11 p., 12,00€
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Célestin de Meeüs, Atlantique, Tétras Lyre, septembre 2022, 16 p., 12,00€
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Règlement Général sur la Protection des Données
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Pour la diffusion de « La Nouvelle Revue des Élytres », nous disposons d’un fichier d’adresses courriel. C’est le seul fichier de données personnelles que nous possédons. Il n’est en aucun cas et pour aucun motif, accessible à de tierces personnes. De plus, il ne sera ni donné ni échangé avec des tiers ou toute autre personne morale.
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