Tard, il se fait tard …
Tard, il se fait tard, et la solitude est à nos portes, comme la guerre.
Parfois, le temps de regarder au dehors, et les vitres brisées ne reflètent plus rien, qu’une sombre désolation.
Le ciel toujours de traîne, d’un hiver violent sans ébauche de printemps.
A Lviv, à Kiev, ailleurs, on s’assure que l’enfant sera protégé des balles, des obus, des bombes.
L’espérance ce baume des innocents.
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Tard, il se fait tard, dans l’Europe qui était près de sombrer, mais qu’avive aujourd’hui ce ressaut de la résistance, peut-être que tout n’est pas perdu.
Dans toutes les rues Zelensky du monde, des voix osent, se remparent, quelqu’un bronche qui jusque-là se terrait, se taisait. Une journaliste russe hisse la vérité sur un panneau cruel qui va décider de son sort.
Parfois l’espoir remue comme un chiot fragile.
Parfois, dans l’ombre qui tombe, juste un éclat procède de la bonté.
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Tard, il se fait tard , mais un bretteur de scène, qui faisait rire, est devenu un homme avec son poids de courage, de force et de conviction. Un petit être devenu un géant pour son peuple, le poussant au meilleur, au plus dur de sa condition.
Parfois, le cœur des hommes délivre des perles. A Kiev. Ailleurs.
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peut-être que les mères refuseront
de voir leur enfant mort sous la bombe
voudront conserver la belle image vivante
au beau temps de la paix splendide
quand tout était debout dans l’ordre
de la beauté sans murs brisés sans corps
disloqués au coeur des foyers
parfois le ciel est triste d’accumuler
les visages sans vie sages dans leur linceul
on entend quelque part une chansonnette
que de jeunes enfants répètent à l’envi
pour un air de fête
(Fragments inédits de « Une rampe de lumière »)
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