Jean-Luc Werpin

Biographie

Venu tardivement à l’écriture poétique, j’ai d’abord été séduit par l’extrême brièveté du haïku que j’ai pratiqué avec plaisir au point de collaborer avec des revues japonaises.

Menues Monnaies est mon premier recueil et il regroupe 250 tercets inspirés par le Haïkaï selon Basho et par mon environnement culturel. Cette publication a été bien accueillie et elle a reçu des critiques positives sur le blog « Le Carnet et les Instants » et sur le site de l’AREAW:

Jean-Luc Werpin, Menues monnaies, haïkus et autres tercets, Jacques Flament éditions.

Le prochain sera consacré aux « Tercets Hogiens » inspirés par la démarche du Haïku Oulipien Généralisé défini par le poète Jacques Roubaud.

Aujourd’hui, élève du poète japonais Yasushi Nozu, je ne pratique plus le haïku de tradition que dans le cadre de cette relation.
Collaboration avec l’anthologie Liberté, Égalité, Fraternité publiée aux éditions EnVolume (Paris). Trois collaborations avec les anthologies des éditions Graines de Vent Enfances, Nuna et Éole. Collaboration en qualité d’auteur et de critique avec les Anthologies du Haïku Universdity (Tokyo). Publié, traduit et critiqué dans trois revues japonaises.

Jean Luc Werpin
6, rue de la Longue-Haie
boite 08
1000 Bruxelles

Tél: 0486 344 577
jeanluc.werpin@icloud.com

Poésies

je suis un jour de pluie
sans y être invité
je m’égare en été
ne me gourmandez pas
mais remerciez moi
je vous offre la vie

je suis née là-haut
aux marches d’un vieux glacier
insouciante en diable
j’ai tracé mon chemin
promené mes premiers pas
de torrents énervés
en cascades joyeuses
avec sagesse
j’ai épousé la plaine
les rythmes lents
de ses pentes douces
de méandre en méandre
j’ai ouvert et offert mon lit
accueillant frères et sœurs
paresseuse je me suis attardée
de lacs en delta
amoureuse j’ai rejoint l’océan
avec l’amant sublime
j’ai gouté l’intense ivresse des profondeurs
je reviendrai peut-être
un jour de grêle
un jour de neige
un jour de pluie
pour vivre d’autres aventures

au revoir tristesse
tout se perd
quand les mots se taisent
le silence
ça fait chavirer la mort

Mon pauvre Jésus
à chaque chant d’un coq
leurs lances effilées
cruelles te transpercent
mon pauvre Jésus
moi le sans lendemain
je t’invite à ma table
pour t’offrir le pain et le vin
pour mémoire
de ce qui tu fus

Je me souviens
de la saveur
des fraises sauvages
des mûres du roncier
je me souviens
des promenades vicinales
des vacances d’été
je me souviens
des sorties de messe
de la musique du carrousel
je me souviens
des tartes au riz
des tartes au sucre brun
je me souviens
de la fête au village
des tirs à la pipe
je me souviens
des oncles et tantes
des cousins et cousines
je souviens
de la maison de grand-mère
des framboises du jardin
je me souviens
de ce que le temps emporte
de ce que le temps ronge

sur la Seine
le bateau-mouche
déploie ses ailes
il s’envole haut
dans le rêve de l’enfant
~ vol fragile
d’une bulle de savon

sourdes sont les haines
~ entends tu
sonner le tocsin

les yeux clos
au matin
et se dire
à nous deux
page blanche
 
sans un mot
s’isoler
et se dire
solitude
je te parle

cicatrices !
quels silences
cachez vous
***
en chemin mon réveil
sous le torrent des mots
le matin m’envahit
porté par le courant
j’offre mes yeux au jour
et mes vers au papier
***
dans son souffle court
pas de mots ~
un peu plus aussi
***
ici tout est calme
~ égarée
la souris des villes
***
à l’heure de pointe
effrayée ~
la souris des champs
***
j’ai usé mes rêves
~ sans mot dire
je suis spectateur
***
chaque soir au bar
se consument
quelques désespoirs
***
c’est la mer grand-père?
~ non petite
ça c’est l’océan
***
il s’est levé douche habillé
il a bu un café
Il a mangé un croissant
comme d’habitude
comme d’habitude
il est sorti de chez lui
il a pris sa voiture
il a démarré
comme d’habitude
comme d’habitude
il a roulé cent mètres
avant de tourner à gauche
puis tout droit
d’habitude
il tournait à gauche
puis encore à gauche
et toujours à gauche
nulle et nul ne l’ont revu
parfois il s’en souvient

parfois

souvent je mens à mes larmes
mes larmes je me les garde
je me les garde intactes
intactes et précieuses
précieuses compagnes
compagnes de mes solitudes
*****
minuit sonne
une cloche lointaine
égrène le glas
d’un jour défunt
*****
je suis mots
je fus instant
unique et éphémère
instant que le temps noie
*****
derrière l’horizon
par delà l’océan
il est tant de mots
dont je ne sais rien
parfois j’entends l’écho
les murmurer à mon oreille
*****
dès matin venu
cueillir la première eau
sur la feuille de houx
~ moineaux au jardin
*****
d’un doigt
je dessine le vide
j’y serai demain
la longue longue nuit m’attend
impatiente
*****
les jours nous ressemblent
comme nous
ils naissent vivent et meurent
 
alors ils se font rêves
parfois légendes

Premiers extraits d’un prochain recueil (fin 2022 ? ou début 2023)

un jour
jour pour jour
~ hier
jour pour jour
un jour
 
******
être un poète pauvre
pauvre en mots et syllabes
 
quelques vers griffonnés
ornés de peu et peu
 
en écho des silences
 
******
la lune sur l’horizon
~ mes mots
naufragés en dérive
 
******
n’être qu’un instant
frêle esquif
sur l’océan du temps
 
y naître
y survivre
à l’écart des embruns
des vagues et des vents
même brièvement
 
somptueux
je suis cet instant
 
******
là-bas
l’océan
m’appelle
 
le soleil
au couchant

mes mots partagés ~
j’enfouis mes silences
en cœur d’intime
 
sommeil du sage ~
à l’ombre du tamaris
rêve un papillon
 
à peine écrit
déjà effacé
~ l’instant
 
peintre polisson
ce moussu mont de vénus
sous son vif pinceau
 
au hasard des maux
~ la douleur
choisit ses mots
 
automne pluvieux
~ toute la tristesse
d’un ciel monochrome
 
pluie d’automne ~
détrempé le sentier
s’estompe
 
ces mots
sont-ils mes maux
~ question que je me pose

rien
moins que rien
à peine quelques lettres
à peine quelques mots
quelques lettres et mots d’un poème
d’un poème porté par les vents
et que les vents dispersent
n’être rien
 
je partirai un jour
demain peut-être
ou plus tard c’est mieux
car c’est ce que l’on me dit
je partirai sans bruit
presque sans déranger
sur la pointe des pieds
cueillir les silences
loin de tout
loin de tous
 
pause toi
pour à l’écart des fracas
entendre l’inaudible
toute en silence la voie du sage
~ les mots n’enseignent rien