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On est encore et toujours tous confinés
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Varron, Satires Ménippées
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Bigre, Bigre, s'écriait Varron -Je parle, naturellement, et je sais que vous vous en doutez, de Marcus Terentius et non de Publius….Terrentius que, comme moi, vous ne confondez jamais, naturellement ! - en titre d'une de ses satires ménippées, du nom de Ménippe de Synope qui, comme vous le savez également, était mauvais philosophe cynique et au sujet duquel on ne s'attardera donc pas ici.
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Bigre, Bigre ! Vous disais-je, voici l’année finie et l’an nouveau qui déjà pointe aux fenêtres.
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Annus horribilis, dirait une amie poète de mes connaissances ; nous ne te regretterons pas année 2020 !
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Et nous vous souhaitons qu’à celle-ci succède une Annus Mirabilis, une « année de merveilles », comme disait le poète lauré, je veux parler -bien sûr, comme vous l’aurez deviné- de John Dryden, poète anglois -que je ne lis pas plus que les latins…ou les philosophes grecs- qui jadis fut très estimé et est aujourd’hui enterré dans « le coin des poètes » où, hélas, on ne le lit plus…enfin, je ne crois pas !
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Je compte, quant à moi, sur vous Camarades-Poètes pour que cette année vous pousse à adresser à qui de droit (mais si vous avez un empereur ou un pape ce serait mieux et…un tout petit peu plus chic…si vous voulez mon avis, bien sûr) une pétition réclamant, que dis-je, exigeant que me soit décerné le titre de Poète-Lauré (je crois que le titre m’irait comme un gant et vous ?) ; vous en profiterez également et, d’un même mouvement, vous saisirez l’Archidiacre de l’Abbaye de Westminster afin que me soit réservé une place de choix dans le « coin » précité…de préférence à côté de Chaucer qui aura enfin le temps (du moins, je le crois) de me réciter ses fameux contes de Canterbury…
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Ne vous aillant rien cacher de mes sombres intentions -mais chez moi c’est génétique et disons-le, presque comme un tic- pour l’année à venir et pour mieux vous la préparer vous trouverez outre quelques poèmes de nos membres, trois chroniques de lectures pour la bien terminer.
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Tout d’abord, Martine Rouhart vous présentera le dernier recueil de Claude Miseur, quant à moi je vous parlerai du dernier recueil de Martine…..Rouhart, enfin, nous aurons le plaisir d’accueillir la toujours passionnante et avant-gardiste Viviane-Tâm Laroy qui nous introduira aux délices de la « poésie à emporter » promue par la collection « 11h18 » des éditions Angle-Mort.
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Ne nous dites-pas que, pour ces congés hivernaux, vous n’avez rien trouvé à lire dans le fond (voyez notre rubrique " Parutions") de votre Grenier !
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Quant aux activités de votre Grenier, justement !
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Il reste à prévoir que nous ne serons, vraisemblablement, pas encore autorisés à nous rassembler en janvier, cependant, votre Grenier -toujours innovant- vous proposera dès la rentrée une série d’entretiens littéraires (écrits et vidéos) avec les poétesses et poètes que nous devions recevoir et que nous aurons donc bien l’occasion de retrouver en attendant, comme le rappelait le trop peu lu mais toujours très estimé Gaston Couté, qu’on nous la réouvre « la porte !» (L’Enfermée, in La Chanson d’un Gâs qu’a mal tourné)
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Et d’ici-là ne manquez pas de nous adresser vos vers car comme le disait, encore, Gaston :
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« Si (nos)rim’s sont pas rich’s, rich’s, rich’s, a’ sont d’conv’nance, Si (nos) vers n’ont pas d’aile, i’s ont ben douze pieds ! Douz’ pieds pour mieux sauter par-dessus vous souffrances… » (Alcide Piédalu, in La Chanson d’un Gâs qu’a mal tourné)
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Hiver ne rime-t-il point avec j’espère ?
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Nous avons reçus des poèmes et textes de nos membres. Cliquez sur leurs noms ci-après pour y avoir accès :
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Claude Miseur, Sur les rives du Même, éd. L’Arbre à paroles, 2020, préface de Eric Allard, illustrations de Ferderim Lipczynski
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On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, disait Héraclite, et malgré les apparences, tout est en perpétuel changement ; affirmation que Claude Miseur semble prendre (par l’intitulé de son recueil) à contre-pied. La roue tourne pour nous, tandis que le monde reste immuable sous les étoiles ; le fleuve reste le fleuve, ce sont nos vies qui défilent, rives aux paysages changeants bouleversés par nos doutes, nos expériences et nos angoisses existentielles.
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L’on retrouve ce message subliminal tout au long de la soixantaine de poèmes qui composent le recueil, où il est question de rivages, de sable et de mer, de marée, de port et de gréments…
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Nous accostons la trame de quelques images du monde et nous nous tenons là sur les rives du Même parlant bas de peur d’éveiller la perte et le manque
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Nos bonheurs et nos drames nous réjouissent ou nous accablent, parfois jusqu’à l’anéantissement, mais ils ne sont rien pour le reste du monde. Nous sommes si peu de chose.
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Dans cette chambre/au bord des pluies/j’ai peur du noir/le long de l’heure/indifférente
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La roue tourne sans ralentir, revient cette pensée que le temps passe et nous presse.
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Il se fait tard/rentre chez toi/y repriser un peu/cette doublure du temps/qui toujours file et s’use/de t’avoir tant porté
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Quant à la vie passée, la mémoire doit lutter pour ne pas l’oublier… Mais l’enfance n’est jamais loin et presque rien y ramène, avec son frêle lot de regrets,
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Elle butine/le parfum/de mes fleurs en papier/cueillies/pour une fête/qui n’aura pas lieu
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Et si Le ciel soudain/si lourd/si proche/qu’il en devient d’encre/et caille comme le lait/renversé/à ta rencontre, il y a le pouvoir des mots, qui stylisent et apaisent les blessures, Alchimie/ des mots/en bruit de fond/l’alliage s’écoule/dans la blessure/et suture un peu le temps.
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Il y a aussi la douceur, cueillie au détour d’une phrase, au hasard d’un souvenir précieux.
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Ton parfum remonte du jardin persiste tard dans la soirée et protège la maison
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Par des images belles et fortes qui disent ce qui se dérobe, le poète cherche, dans une sorte de quête sans fin, un sens à notre existence en ce monde incertain. Et s’il arrive que les mots en dévoilent quelque chose, c’est de manière fugace et imprévue.
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L’écriture de Claude Miseur est élégante, ses mots, choisis, précis, sobres. Un recueil dense quant au fond (donc à lire et à relire, dans l’ordre ou dans le désordre), « aéré » dans la forme, grâce à quelques citations qui font contrepoint (de RM Rilke, JA Valente, J Derrida) et aux très belles illustrations monochromes de l’artiste.
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Chacun creusera les ombres et/ou les lumières de tel ou tel poème en fonction de son être propre et de sa sensibilité, chacun verra dans tel ou tel silence un éclairage particulier sur son cheminement intime.
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Martine ROUHART, Dans le refuge de la lumière, éd. Bleu d'Encre, 2020, 52 p., (Illustration: Antoine Van Impe)
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"Le Plaisir vaporeux fuira vers l’horizon Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse"
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Ch. Baudelaire, in L'Horloge
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Après "On s'attardera dans la lenteur" (Grenier Jane Tony, 2019) et "Loin des routes agitées" (Le Coudrier, 2020), Martine Rouhart nous revient avec un nouvel opus illustrant sa poésie de la douceur et du transport.
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Une poésie qu'elle place d'emblée, dans ce recueil, sous les auspices bachelardiennes de la "poésie aérienne " distinguée par l'éminent philosophe et étonnant poète qu'était Gaston Bachelard.
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Rappelons que pour le savant auteur, il y a poésie aérienne dès lors que l'on a affaire à une poésie ascensionnelle où l'être intime et l'être cosmique coïncident en une troublante intimité.
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Au tumulte du feu, à la pesanteur de la terre (entendez-le au sens de la loi physique de la force de gravité) ou à l'instable liquidité de l'eau, Bachelard oppose une poésie du calme et du transport où "jamais le rêveur aérien n'est tourmenté par la passion". (in L'air & les Songes)
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Et à lire "les poèmes/ qu'écrivent les hirondelles", ces presque "riens/ qui fuient/ à tire-d'aile" ou à écouter "le chant intime/ de l'arbre", "la brise [qui] fait valser// …les cœurs/ en papier crépon…" et "l'oiseau dans le vent" ou "le grelot d'une joie/ qu'on ne comprend pas", on éprouve effectivement comme une forme de paix ou d'ataraxie(ἀ-ταραξία, signifiant « sans troubles ») dont on sait que nombre d'écoles philosophiques la posèrent en principe du Bonheur.
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La poésie aérienne est une poétique de la Sérénité, en somme !
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Or, qui dit sérénité implique par là-même la notion de stabilité -sans quoi elle ne saurait être- ce qui n'est pas antinomique de celle de dynamique mais la distingue de la mobilité propre à la "poésie d'eau", selon Bachelard toujours.
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À vrai dire nous confondons sous le vocable "air" des notions que les Anciens distinguaient.
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Ainsi Ær ( l'air des parties inférieures du ciel respiré par les mortels) et Æther (l'air des parties supérieures du ciel respiré par les dieux) et qui, vu comme "lumière céleste", se complète alors, d'Héméra, la "lumière terrestre".
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C'est pourquoi pour qualifier, aussi justement que possible, la poésie de Martine, dans la suite de l'analyse développée par le Poète-Philosophe, je parlerai d'une poésie "hémérétique" si l'on veut bien m'autoriser ce néologisme.
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Souvenons-nous, en effet, qu'à en suivre le mythe, La Nuit (Nyx) recouvrait La Terre (Gaïa) d'obscurité en jetant un voile de ténèbres entre L'Air (Ær) et L'Éther (Æther) que Les Lumières du Jour (Héméra) dissipaient au matin dévoilant, ainsi, le perçant de la lumière céleste du firmament.
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C'est que "chaque matin/ a son mystère/ sa profondeur de lumière" qui nous est "refuge" comme le rappelle le titre du recueil.
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Et si Martine Rouhart s'en va, là où elle va souvent "d'un coup d'ailes imaginaires" c'est pour nous en ramener " ce qu'il faut de clarté/ pour affronter/[nos] champs de batailles" et "voir//le flou [du] moi/ qui s'endort" dans des silences "si légers/ qu'on les regarde planer/ en souriant/sans attendre/grand-chose".
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Cette poésie ascensionnelle ("On en fait du chemin/ pour pas grand-chose/alors qu'une seule pensée/ en l'air/ peut nous emmener/ si haut [c'est moi qui surligne]) se marque et se matérialise également, chez Martine, dans la figure de l'oiseau, cet être ailé qui, du plancher terrestre, est capable de s'élever vers les plus hautes cimes des cieux.
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Et, elle, de nous poser cette question: "les êtres ailés//savent-ils/des choses/sacrées" ?
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On laisse volontiers les mots de l'autrice filer, "dans un courant d'air", un "trois fois rien/ parti se perdre/ dans une envolée/ de plume", "là où naissent les brouillards" de "nos vies penchées" et on les voit se transmuer en "langue des oiseaux", ce langage mystérieux dont ont parlé et Virgile (le poète latin) et Attar (le mystique persan).
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Alors, "si un jour/ j'oublie de rêver/ s'il te plaît/prête-moi/ tes ailes" !
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Présentation de la Collection "11h18" des Éditions Angle Mort
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Sur un des coins de la rue Blaes, juste en dessous du « Palais du Pantalon », se trouve une enseigne. La librairie « Météores » qui bat au rythme du Vieux Bruxelles, alternative et indépendante.
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J’y ai un jour poussé la porte et masquée du COVID, avec un béret sur la tête, je leur ai demandé : « Je voudrais faire découvrir de la poésie alternative»
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C’est ainsi que je suis ressortie avec les publications d’une petite maison d’édition belge « Angle Mort Editions » qui se profile comme « poésie à emporter » partout avec soi et pourquoi pas, à oublier ensuite sur un banc public à l’orée d’un parc après s’être laissé porter par les mots inscrits sur du beau papier épais.
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La collection « 11h18 » est à l’image de cette poésie nomade : variée et issue de divers horizons. Des poètes belges, comme Serge Delaive et Pascal Leclercq, côtoient l’Exaltation perdue de Joseph Ridgwell, ce poète londonien underground, et David Park Barnitz, l’homme d’une seule œuvre considérée comme décadente, Le Livre de Jade.
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Trilogie de Rome MMXVII de Ludovic Drouet est mon coup de cœur avec sa couverture bordeaux et son lien doré pour tenir ses feuillets ensemble : rythmé, léger et profond, sérieux et comique, amusant et effrayant, à méditer ou à observer, tout y est.
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A ses côtés, en plus grand format et illustré de photographies intrigantes, vous trouverez Rétablir les fleuves de Célestin de Meeus et Henri Alain, et enfin, Nature sans titre de Fanny Garin. Cette dernière explore le désir et la sensualité d’un point de vue irrémédiablement féminin et nous offre une porte de sortie à cet adage qu’elle reprend pourtant « Les poétesses sont des putes ou frigides » : un délice suave de modernité, p.10 (2020) :
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un homme met les doigts dans ma bouche, et moi
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je mets les doigts à la peinture d’une montagne
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ANGLE MORT EDITIONS, rue Jules Francqui 6 à 1190 Forest
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Cultivez vos angles morts.
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Et quel bien de la Mort ? où la vermine ronge
Et quel bien de la Mort ? où la vermine ronge Tous ces nerfs, tous ces os ; où l'Ame se depart De ceste orde charongne, et se tient à l'escart, Et laisse un souvenir de nous comme d'un songe ?
Ce corps, qui dans la vie en ses grandeurs se plonge, Si soudain dans la mort estouffera sa part, Et sera ce beau Nom, qui tant partout s'espard, Borné de vanité, couronné de mensonge.
A quoy ceste Ame, helas ! et ce corps desunis ? Du commerce du monde hors du monde bannis ? A quoy ces noeuds si beaux que le Trespas deslie ?
Pour vivre au Ciel il faut mourir plustost icy : Ce n'en est pas pourtant le sentier racourcy, Mais quoy ? nous n'avons plus ny d'Henoc, ny d'Elie.
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Disponible au format numérique :
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Jean-Michel Aubevert Les entrelus de Jean-Michel Aubevert Sous-titre ; de la Rose au calame Préface : Joëlle Billy Collection : "à coeur d'écrits"Volume 1 Format : 14 cm/20 cm, 153 pages Prix ttc : 20 € Disponible fin septembre 2020
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Lettres à un jeune poète Avec les lettres de Franz Xaver Kappus
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Date de parution 08/10/2020 17.90 € TTC 160 pages
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La disparition de l'ombre
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Les paysages avaient presque tout
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La face nord du Juliau. Dix-sept, dix-huit
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C’est le moment ! N’oubliez pas, si vous voulez recevoir les « Chants de Jane », de renouveler votre cotisation annuelle : 30 € à verser sur le compte du Grenier BE68 3630 1692 5934.
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Attention ! Le Grenier Jane Tony a changé de compte en banque.
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Règlement Général sur la Protection des Données
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Pour la diffusion de « La Nouvelle Revue des Élytres », nous disposons d’un fichier d’adresses courriel. C’est le seul fichier de données personnelles que nous possédons. Il n’est en aucun cas et pour aucun motif, accessible à de tierces personnes. De plus, il ne sera ni donné ni échangé avec des tiers ou toute autre personne morale.
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